Sarkozy brasse de l’éolien
Chiffres à l'appui, Nicolas Sarkozy a vanté son bilan sur les énergies renouvelables lors d'une conférence de presse le 5 avril. Or, d'après les données retrouvées par les journalistes d'OWNI, le président-candidat a confondu le chantier éolien en France et en Europe... Au classement OWNI-i>Télé de la crédibilité des six principaux candidats à la présidentielle, Nicolas Sarkozy tombe à la dernière place, à égalité avec Marine Le Pen.
A défaut de se croiser, les courbes se sont égalisées dans le classement quotidien du Véritomètre, permettant de vérifier l’exactitude des déclarations chiffrées ou chiffrables des six principaux candidats à la présidentielle. Avec 44,4% de crédibilité, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen ferment la marche de concert, tout près de François Bayrou (44,8%). Jean-Luc Mélenchon fait toujours la course en tête, son taux de crédibilité s’affichant à 62,7%.
Durant ces dernières 72 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 46 citations chiffrées des candidats à l’élection présidentielle1. Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention.
Nicolas Sarkozy ne manque pas d’air
32. C’est le nombre de “propositions pour une France forte” déclinées par Nicolas Sarkozy dans son programme. Parmi elles, une seule est en lien avec la protection de l’environnement : la “[poursuite du] développement des énergies renouvelables”. Une situation sur laquelle le président-candidat a été interpellé lors d’une conférence de presse, le 5 avril dernier, par le journaliste de l’agence Reuters, Emmanuel Jarry :
Emmanuel Jarry : – Qu’en est-il du développement d’une énergie verte (…) ? Je n’en vois pas trace dans votre projet actuel (…).
Nicolas Sarkozy : – Vous dites qu’on a bien du mal à affecter le chantier éolien. Ah bon ? Le chantier éolien c’est 12 milliards d’euros.
Dans un article publié le même jour, le journal Le Figaro a compris par ces mots que Nicolas Sarkozy entendait parler de l’investissement éolien en France :
Nicolas Sarkozy a vanté son bilan en matière d’énergies renouvelables. Il a évoqué un “chantier éolien” à 12 milliards d’euros (…).
Comme n’importe qui aurait pu le comprendre. Sauf que le candidat UMP s’est plutôt attribué les investissements annuels du “chantier éolien”… de tous les pays de l’Union européenne.
Le ministère de l’Écologie et du Développement durable indique ainsi que le marché de l’éolien en Europe représente “12 milliards d’euros d’investissement par an, soit 1,2 million d’euros par MW installé”. Depuis, le chiffre a été révisé par l’European wind energy association à 13 milliards d’euros pour l’année 2010.
D’après la même European wind energy association, les capacités de production électrique du parc éolien français représentaient 5 970 mégawatts (MW) en décembre 2010. Si l’on s’en tient donc à l’estimation de “1,2 million d’euros [d’investissement] par MW installé” du ministère de l’Écologie, les investissements de la France dans l’éolien n’auraient de toute façon représenté que 7,164 milliards d’euros depuis la première éolienne – installée en juillet 1991 – jusqu’en 2010.
Très loin des “12 milliards d’euros” que Nicolas Sarkozy n’a eu aucun “mal à affecter” au “chantier éolien” français.
Eva Joly débranche trop vite
L’Allemagne laisse rêveurs la plupart des candidats à l’élection présidentielle. Et Eva Joly n’échappe à la règle. Dans l’émission Des paroles et des actes du mercredi 11 avril dernier, elle a ainsi vanté les mérites de la diminution de la consommation électrique outre-Rhin :
[Les Allemands] ont diminué leur consommation de 6%.
Trop beau pour être vrai. Le démenti provient du groupe de travail AG-Energiebilanzen, qui publie chaque année un tableau de bord sur les différents types de consommation énergétique en Allemagne. D’après sa dernière édition, la consommation brute d’électricité en Allemagne est passée de 610,4 TéraWatts-heure (TWh) en 2010 à 608,5 TWh en 2011. Soit une diminution de 0,3%.
Le modèle allemand n’apparaît donc pas si exemplaire pour sa quantité d’électricité consommée. Il en va autrement pour la nature de l’électricité produite en Allemagne en 2011 et qu’aurait pu évoquer la candidate écologiste. Car, comme le note l’Institut du développement durable et des relations internationales dans une étude parue le 5 mars dernier, le pays a produit davantage d’électricité de sources renouvelables (19,9% du total de l’électricité produite) que d’origine nucléaire (17,6%) en 2011.
François Bayrou reste en voiture
L’automobile sied décidément bien à François Bayrou, qui s’est une fois de plus exprimé à son sujet lors de l’émission Des paroles et des actes du jeudi 12 avril dernier. Habitué aux comparaisons internationales sur la production de véhicules, le candidat du Mouvement Démocrate (MoDem) s’est cette fois-ci replié en France :
90 000 voitures de fonction dans l’Etat.
Correct, si l’on se fie au Conseil de modernisation des politiques publiques. D’après un document d’orientation publié en juin 2010, l’Etat compte 72 000 véhicules auxquels il faut ajouter 17 000 véhicules des opérateurs de l’Etat, c’est-à-dire des établissements publics, des groupements d’intérêt public et des associations, entre autres.
Au total, donc, l’Etat compte 89 000 véhicules, 1,1% de moins que le chiffre évoqué par François Bayrou.
Les vérifications des interventions sont réalisées par l’équipe du Véritomètre : Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, Pierre Leibovici, Grégoire Normand et Marie Coussin.
Retrouvez toutes nos vérifications sur le Véritomètre et nos articles et chroniques relatifs sur OWNI
Illustrations par l’équipe design d’Owni /-)
- L’équipe du Véritomètre a fixé des seuils de tolérance pour l’évaluation des chiffres des candidats : si la marge d’erreur entre le chiffre évoqué par le candidat et la donnée officielle disponible est comprise entre 0 et 5 %, nous considérons la citation comme “correcte” ; si la marge est entre 5 et 10 % on la qualifiera d’”imprécise”, enfin si la marge est de plus de 10% nous l’évaluerons comme “incorrecte” [↩]
Laisser un commentaire