OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les poissons mutants de Sanofi http://owni.fr/2011/09/26/goujon-poissons-sanofi-pollution/ http://owni.fr/2011/09/26/goujon-poissons-sanofi-pollution/#comments Mon, 26 Sep 2011 06:09:06 +0000 emmanueldaniel http://owni.fr/?p=80859 Une étude scientifique à paraître dans l’édition du mois de novembre de la revue Environment International [en] confirme la pollution des rivières françaises par l’industrie pharmaceutique. Les recherches ont été menées par l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris). Et ont pris pour cas pratique une rivière coulant aux abords d’une usine Sanofi implantée dans le Puy-de-Dôme. Le site, basée sur la commune de Vertolaye, produit des hormones et des stéroïdes.

Les scientifiques ont réalisé plusieurs prélèvements au fil de l’eau, en amont et en aval de l’usine. Et ils relèvent des troubles incontestables : présence de perturbateurs endocriniens dans l’eau (influant sur les hormones) ; malformations sexuelles observées chez les goujons à l’abdomen hypertrophié ; taux de goujons intersexués (organes sexuels difficiles à déterminer) allant jusqu’à 80% en aval de l’usine ; et déclin de la densité de poissons.

Un chercheur qui a participé à l’étude de terrain confie même qu’il a rarement vu une rivière aussi dépeuplée. « Si le problème persiste, on pourrait assister à une diminution voire une disparition de certaines espèces », analyse Wilfried Sanchez, l’auteur de l’étude.

Du goujon venu d’une autre dimension

Hervé Maillard, responsable de l’usine Sanofi depuis mars 2011 insiste sur les difficultés rencontrées pour endiguer le phénomène :

On est en train de chercher l’équivalent d’un sucre dans une piscine olympique. De plus, seuls les goujons sont pour l’instant victimes de malformations (…) Peut-être que notre activité a un impact, c’est pour ça que nous mesurons nos rejets et investissons plusieurs millions d’euros par an pour les réduire.

Le phénomène des goujons au gros ventre était déjà constaté dans un rapport datant de 1996 réalisé par le Conseil supérieur de la pêche (CSP). « Au départ, on pensait que c’était dû à des retards de ponte chez les femelles », indique William Sremsky de l’Office nationale de l’eau et des milieux aquatiques (l’Onema).

Mais le problème subsiste. En 2000, des goujons présentant des malformations similaires sont de nouveau pêchés. L’information est transmise à la Direction départementale des services vétérinaires. Dès 2003, l’usine mise en cause par des associations de défense de l’environnement promet de réduire ses émissions d’hormones dans le milieu aquatique.

Pourtant, il faudra attendre 2007 pour que la situation se débloque. L’Onema signale une nouvelle fois le problème aux services de l’eau. Une étude visant à rechercher des pathologies chez les poissons est alors lancée. En 2008, la prise de conscience s’accélère. « Avec le Grenelle de l’environnement, les mentalités ont changé », estime Daniel Vigier, Président de la Fédération départementale pour l’environnement et la nature et Vice-président du Comité de surveillance de l’usine Sanofi (Clic) créé en 2005. Un arrêté préfectoral interdit la consommation des poissons de la rivière Dore ainsi que l’abreuvement du bétail. La même année, le ministère de l’Environnement mandate l’Ineris pour analyser le phénomène. Un comité de suivi de l’étude regroupant institutionnels, associatifs et scientifiques est chargé de gérer le problème.

Le goujon transgenre s’installe

Et au cours de l’année 2011, les rapports d’étape de l’étude de l’Ineris provoquent la signature d’un nouvel arrêté préfectoral obligeant Sanofi à faire mesurer ses rejets par un cabinet indépendant et à trouver une solution pour les réduire. Les expérimentations sont toujours en cours et les premiers résultats tomberont à la fin de l’année.

Au plan du droit, il n’existe pas à ce jour de loi limitant les rejets de ce type de substances. Le site est pourtant classé Seveso seuil haut, soumis à la réglementation européenne Reach sur les produits chimiques, certifié ISO 14001 et fait partie des Installations classées pour la protection de l’environnement (Icpe). Mais en l’absence de règles sur les rejets de substances pharmaceutiques, cet arsenal législatif et sécuritaire est peu efficace. L’article 232-2 du Code rural et le Code de l’environnement indiquent bien qu’il est interdit de polluer l’eau mais, sans précisions, cette mesure reste lettre morte, comme une loi sans décrets d’application.

À Vertolaye, associations de protection de l’environnement et direction de l’usine cherchent déjà des solutions, avec l’espoir de servir d’exemple. Daniel Vigier doute pourtant qu’une évolution rapide survienne.

Tant qu’il n’y a pas de risque humain avéré personne ne réagit. La moitié de la faune et de la flore peut disparaître, ce n’est pas grave, les conséquences se mesurent uniquement en victimes humaines et en indemnisation que l’entreprise devra verser.

Si ce vide juridique et scientifique n’est pas comblé, usines pharmaceutiques, stations d’épuration et hôpitaux pourront continuer à recracher des substances médicamenteuses actives sans être contraints de modifier leurs comportements.

Illustrations Flickr PaternitéPas d'utilisation commerciale Freedom Goliath’s Impermanence Paternité • Happy Batatinha •

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[Carte] Les collaborations scientifiques dans le monde http://owni.fr/2011/06/06/carte-des-collaborations-scientifiques-a-travers-le-monde/ http://owni.fr/2011/06/06/carte-des-collaborations-scientifiques-a-travers-le-monde/#comments Mon, 06 Jun 2011 14:00:35 +0000 Olivier H. Beauchesne http://owni.fr/?p=66460
Article publié sur OWNISciences sous le titre, Carte des collaborations scientifiques à travers le monde


J’ai été très impressionné par la “friendship map” réalisée par Paul Butler, stagiaire chez Facebook, et j’ai réalisé que j’avais accès à un jeu de données similaire. Plutôt qu’une base de données sur l’amitié, j’en avais une sur les les collaborations scientifiques.

Mon employeur, Science-Metrix, est une entreprise d’évaluation biblométrique. En d’autres mots, nous concevons des moyens de mesurer l’impact et la croissance des découvertes (et publications) scientifiques. Pour cela, nous demandons l’autorisation de réutiliser les données des agrégateurs de revues scientifiques comme “Elsevier’s Scopus” ou “Thompson Reuter’s Web of Science“. Les données que nous avons sont les données bibliographiques accessibles à tous. Nous ne disposons pas des versions complètes des textes, mais plutôt des citations, des auteurs et de leurs affiliations, des résumés, etc.

Grâce à ces données, j’ai pu extraire et agréger les différentes collaborations scientifiques entre villes à travers le monde. Par exemple, si un chercheur de l’université de Los Angeles en Californie (UCLA) publie un article avec un collègue de l’université de Tokyo, cela créé une collaboration entre Los Angeles et Tokyo. Le résultat de ce processus est une très longue liste de villes classées par paires, comme Los Angeles-Tokyo, et le nombre de collaborations scientifiques entre celles-ci. J’ai ensuite utilisé la base de données geoname.org pour convertir les noms des villes en coordonnées géographiques.

Les étapes suivantes sont les mêmes que celles de la “friendship map” de Facebook. J’ai projeté les coordonnées géographiques sur la carte grâce à une projection de Mercator, puis j’ai utilisé l’algorithme Great Circle[en] pour tracer les lignes des collaborations entre les différentes villes. La luminosité de ces lignes varie en fonction du logarithme du nombre de collaborations entre deux villes et du logarithme de la distance entre ces deux villes.

Une carte très haute résolution et zoomable est disponible à cette adresse : http://collabo.olihb.com/.


Article initialement publié sur “Stuff I Made“.

Traduction par Pierre Ropert.

Merci à Olivier Laffargue

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Carte des collaborations scientifiques à travers le monde http://owni.fr/2011/06/03/la-carte-des-collaborations-scientifiques-a-travers-le-monde/ http://owni.fr/2011/06/03/la-carte-des-collaborations-scientifiques-a-travers-le-monde/#comments Fri, 03 Jun 2011 11:19:28 +0000 Olivier H. Beauchesne http://owni.fr/?p=35073 J’ai été très impressionné par la “friendship map” réalisée par Paul Butler, stagiaire chez Facebook, et j’ai réalisé que j’avais accès à un jeu de données similaire. Plutôt qu’une base de données sur l’amitié, j’en avais une sur les les collaborations scientifiques.

Mon employeur, Science-Metrix, est une entreprise d’évaluation biblométrique. En d’autres mots, nous concevons des moyens de mesurer l’impact et la croissance des découvertes (et publications) scientifiques. Pour cela, nous demandons l’autorisation de réutiliser les données des agrégateurs de revues scientifiques comme “Elsevier’s Scopus” ou “Thompson Reuter’s Web of Science“. Les données que nous avons sont les données bibliographiques accessibles à tous. Nous ne disposons pas des versions complètes des textes, mais plutôt des citations, des auteurs et de leurs affiliations, des résumés, etc.

Grâce à ces données, j’ai pu extraire et agréger les différentes collaborations scientifiques entre villes à travers le monde. Par exemple, si un chercheur de l’université de Los Angeles en Californie (UCLA) publie un article avec un collègue de l’université de Tokyo, cela créé une collaboration entre Los Angeles et Tokyo. Le résultat de ce processus est une très longue liste de villes classées par paires, comme Los Angeles-Tokyo, et le nombre de collaborations scientifiques entre celles-ci. J’ai ensuite utilisé la base de données geoname.org pour convertir les noms des villes en coordonnées géographiques.

Les étapes suivantes sont les mêmes que celles de la “friendship map” de Facebook. J’ai projeté les coordonnées géographiques sur la carte grâce à une projection de Mercator, puis j’ai utilisé l’algorithme Great Circle[en] pour tracer les lignes des collaborations entre les différentes villes. La luminosité de ces lignes varie en fonction du logarithme du nombre de collaborations entre deux villes et du logarithme de la distance entre ces deux villes.

Une carte très haute résolution et zoomable est disponible à cette adresse : http://collabo.olihb.com/.


Article initialement publié sur “Stuff I Made“.

Traduction par Pierre Ropert.

Merci à Olivier Laffargue

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Faire publier un papier… scientifique http://owni.fr/2011/04/20/faire-publier-un-papier-scientifique/ http://owni.fr/2011/04/20/faire-publier-un-papier-scientifique/#comments Wed, 20 Apr 2011 08:20:40 +0000 Roud http://owni.fr/?p=34613 Il y a beaucoup de choses que l’on apprend sur la longueur dans la recherche, avec l’expérience. Mais ce que je trouve tout à fait étonnant, particulièrement dans le paysage français, est qu’on n’apprend pas ou peu les petits trucs pour faire publier un papier. Oh bien sûr, le contenu scientifique reste l’essentiel, mais, même s’il est très codifié et très formel, le processus de revue par les pairs n’a rien d’un processus pur et éthéré, il y a une forte composante humaine qui compte. Oublier cela peut mener un papier à sa perte. Je n’ai pas la prétention de faire la leçon à qui que ce soit, mais voici quelques éléments (largement de bon sens) glanés sur ma propre expérience, en tant que publiant et referee (ndlr: chercheur contacté par une revue scientifique pour lire et commenter les articles proches de son champ de recherche avant la publication), ainsi que sur la base d’observations de mes chefs et collègues très très éminents. Encore une fois, n’hésitez pas à ajouter vos propres conseils ! (et à me dire si vous êtes d’accord ou pas)

Faites relire par vos amis

Le processus de revue par les pairs dans le cadre du journal n’est que la fin de l’histoire, pas le début. Avant de soumettre un papier, il est très important de lui faire subir un cycle de revue informelle par des collègues compétents et des amis. Le genre d’amis qui peuvent vous dire librement si votre papier est bullshit ou si au contraire c’est le papier du siècle. Cela vous aidera à retravailler le papier pour expliquer les points imprécis, et à bien calibrer la revue où le publier.

Networkez

De la même façon, il est très important de bien se familiariser avec le réseau plus étendu de collègues à même de lire votre papier. Allez en conf, donnez des séminaires, échangez . Ces collègues sont autant de referees potentiels, on a toujours plus de scrupules à détruire les papiers d’un collègue qu’on trouve sympathique , et parfois les communautés sont si petites qu’on en a vite fait le tour.

Choisissez bien l’éditeur scientifique

Un éditeur a littéralement un pouvoir de vie ou de mort sur un papier. Il peut même parfois passer outre l’avis des referees s’il pense que votre papier a été injustement critiqué. Là encore, tout le côté humain et informel en amont pour connaître les éditeurs est important. J’ai vu des big shots passer carrément des coups de fil à des éditeurs qu’ils connaissaient depuis de nombreuses années pour faire passer des papiers.

Le referee a toujours raison…

Si un referee donne un conseil, faites le maximum pour satisfaire ses envies. D’une part, il se sentira valorisé d’être écouté, d’autre part, cela fera un point de moins critiqué. La dernière chose que vous voulez faire, c’est énerver un referee. J’ai vu des auteurs se tirer littéralement des balles dans le pied et condamner des papiers largement publiables en prenant les referees (en l’occurrence moi) pour des imbéciles. Par exemple, si un referee vous demande de mieux expliquer tel ou tel point, réécrivez toute la partie correspondante, travaillez dessus, montrez de la bonne volonté. Trop souvent, les auteurs se contentent de quelques modifs cosmétiques, histoire de noyer le poisson.

… sauf quand il a tort

Parfois, on n’a pas le choix, il faut se payer un referee pour faire passer un papier. Si un referee est vraiment trop mauvais, vous devez convaincre l’éditeur qu’il ne doit pas tenir compte de son avis. C’est un fusil à un coup. Si ça marche, c’est bingo, si ça ne marche pas, vous pouvez dire adieu à la publication dans ce journal. Ceci doit être fait sur des critères purement scientifiques, ce n’est possible que si le referee a fait la preuve dans sa revue qu’il ne comprenait rien à l’histoire. Ça m’est arrivé une fois dans un papier : un referee a rejeté mon modèle au motif qu’il était linéaire, alors qu’il était tout à fait non linéaire. Le papier, rejeté dès le premier round, a été finalement resoumis et accepté.

Changez de revue

Tout le monde ne sera pas nécessairement d’accord avec ça, mais un point qui me frappe chez certains est leur insistance à vouloir faire passer un papier donné dans une revue donnée. Je peux un peu comprendre quand il s’agit d’une revue majeure (comme Nature ou Science), moins quand il s’agit d’une revue moins prestigieuse. Le processus de revue par les pairs est long et douloureux, et, dans votre carrière vous serez jugés en partie sur votre nombre de papiers (en ce sens, l’intérêt du big shot établi qui veut son Science pourra parfois s’opposer à celui de l’étudiant qui doit publier pour partir au plus vite). Vous ne pouvez pas vous permettre de passer un an à espérer la publication d’un papier dans une revue donnée, avec le risque de vous faire jeter après une longue lutte avec les referees, vous avez votre recherche à faire à côté. Il y a suffisamment de revues pour publier votre recherche, et si elle est de qualité, ça finira bien par passer dans une revue pas trop mauvaise. Bref, si ça sent le roussi et devient trop compliqué, passez à la revue suivante, ou ciblez des stratégies alternatives – type Plos One- et comptez sur le processus de post-peer-review pour valoriser ce papier

Utilisez vos chefs

Particulièrement quand vous êtes étudiant ou post-doc, tout ce processus de réseautage et d’influence ne vous sera pas familier. Ce sera à votre chef de faire ce travail, observez, apprenez, et exploitez-le. C’est une partie importante de son travail, rappelez-lui gentiment.

Utilisez le post-peer-review

La publication n’est pas la fin de l’histoire, faites de la pub pour votre recherche, parlez-en en séminaire, mettez vos publis en valeur, si quelqu’un fait des recherches similaires, vous pouvez même vous permettre de lui envoyer votre papier. Ce processus aidera la publication du prochain !

>> Article initialement publié sur Matières Vivantes.

>> Photos Flickr CC PaternitéPartage selon les Conditions Initiales par Sam Hames et CC-NC PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales par widdowquinn.

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