OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 #MIDEM11 Mobile Roadie : l’app musicale à portée de tous http://owni.fr/2011/02/24/midem11-mobile-roadie-lapp-musicale-a-portee-de-tous/ http://owni.fr/2011/02/24/midem11-mobile-roadie-lapp-musicale-a-portee-de-tous/#comments Thu, 24 Feb 2011 13:02:23 +0000 Loïc Dumoulin-Richet http://owni.fr/?p=30504 Le MIDEM est l’occasion parfaite de faire se croiser entrepreneurs, professionnels de la musique, artistes et représentants de médias. L’édition 2011 n’y a pas fait exception, et la manifestation cannoise, même si elle a vu sa fréquentation baisser par rapport aux années précédentes, s’est encore fait le carrefour des initiatives innovantes et réflexions sur le futur d’une industrie qui peine parfois à savoir de quoi il sera fait.

Parmi les entreprises présentes au Palais des Festivals en cette fin janvier, l’américaine Mobile Roadie. La start-up est née en 2009 au célébrissime festival/rendez-vous mondial des start-ups innovantes South By South West ou SXSW (pour lequel OWNI concourt d’ailleurs au titre de “News Related Technology”).

Son co-fondateur, Michael Schneider, est ce que l’on peut appeler un entrepreneur précoce… et un “workaholic”.
Fondateur dès son quinzième anniversaire de “Video Game Central”, une solution pour vendre des jeux vidéo neufs et d’occasion, puis l’agence interactive Fluidesign deux ans plus tard. En 2007, Michael Schneider crée Nesting.com, un portail à destination des mères de famille avant de lancer Mobile Roadie en 2009.

Il nous parle des perspectives de son entreprise dans le contexte de l’industrie de la musique, et nous apporte sa vision des opportunités de celle-ci pour l’année 2011.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Son interview est à compléter avec celle de Matthieu Gazier, le représentant français de Mobile Roadie. Celui-ci nous apporte une vision locale complémentaire de celle, globale, de Michael Schneider. Il évoque le marché français de la musique et sa réactivité quant aux applications mobiles.

Il est également fondateur d’Ekler’o’shock, un label électro parisien.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Retrouvez Michael Schneider sur Twitter et sur son blog personnel.

Interviews réalisées par Lara Beswick et Loïc Dumoulin-Richet – Montage : Romain Saillet – Crédit musique : Artner.

]]>
http://owni.fr/2011/02/24/midem11-mobile-roadie-lapp-musicale-a-portee-de-tous/feed/ 5
2011: année charnière pour l’industrie de la musique? http://owni.fr/2011/01/17/2011-annee-charniere-pour-lindustrie-de-la-musique/ http://owni.fr/2011/01/17/2011-annee-charniere-pour-lindustrie-de-la-musique/#comments Mon, 17 Jan 2011 15:28:27 +0000 Gilles Babinet http://owni.fr/?p=29594 Gilles Babinet est l’un des investisseurs qui comptent sur le marché de l’innovation. Entrepreneur averti, il monte sa première affaire à 22 ans, a fondé Absolut Design en 1991, Musiwave en 2002, co-fondateur des starts-ups MXP4, Eyeka ou encore Awdio….il prête aujourd’hui son expertise à des sociétés telles Digibonus, CaptainDash, Sac Addict. Initialement publiées en anglais sur le blog du Midem, voici les 10 préconisation de Gilles Babinet pour cette nouvelle année 2011.


Pour ainsi dire chacune des 10 années passées, l’industrie de la musique a été sujette à un déferlement de mauvaises nouvelles et de non moins mauvais résultats. L’idée générale est que la musique est un business en voie de disparition (et effectivement les ventes se sont rétractées de 2/3 en 10 ans), incapable de réagir correctement au changement de paradigme qu’amène Internet ; condamné à subir.

Il est notoire que cette industrie a été particulièrement médiocre dans la façon dont elle a essayé de coordonner son action -nous avons bonne mémoire de meetings avec des patrons de maisons de disques, au préalable desquels on venait nous recommander de ne pas même mentionner le concept de mp3- et encore moins de créer une alternative crédible. On connait la suite. Cependant, l’année qui vient de s’écouler est intéressante car elle semble marquer un début de transition. Il semblerait – cela reste à confirmer- que les chiffres 2010 vont être dans le vert pour la première fois depuis 10 ans. 2011 pourrait donc être plus intéressante encore, si ces nouvelles tendances venaient à s’affirmer. Voici donc nos dix “prévisions” pour 2011. Inch Allah.

En Europe au moins, la chute des ventes va s’arrêter

Nous reconnaissons qu’il s’agit d’une prédiction risquée, mais si l’on s’en tient au 3 premiers trimestres de l’année 2010, il semble que les ventes ont atteint un premier plateau et que les ventes digitales compensent -enfin- la chute des ventes physiques. Même en France, marché traditionnellement difficile en raison du niveau élevé du piratage, les ventes se tiennent plutôt bien. Les plateformes digitales semblent décoller, ce que Hadopi et -dans une moindre mesure- la carte musique devraient renforcer. Ceci étant dit, il est probable que cette nouvelle donne profite surtout aux majors et aux nouveaux acteurs, de type Believe, tandis que nombre d’indépendants pourraient continuer à souffrir.

La musique, c’est le cloud

En très peu de temps, la musique streamée est devenue super-cool. Et même si Spotify semble avoir quelques difficultés pour rentrer sur le marché américain, son modèle est généralement reconnu comme étant particulièrement prometteur, surtout depuis qu’ils ont révélé avoir des taux de transformation entre utilisateurs gratuits et payant bien plus élevés qu’initialement prévus.
Les avantages d’une telle offre sont tellement évidents qu’elle devrait vite devenir commune à la plupart d’entre nous : plus de mp3 à ranger, accès depuis n’importe quel ordinateur, fonction sociales intégrées, répertoire presque illimité, piratage impossible…

Itunes se déplacera vers le cloud

Depuis sa création, il y a dix ans, son offre n’a évolué qu’à la marge. La modification la plus substentielle ayant sans doute été la suppression de toute DRM, 2 ans auparavant. En conséquence Itunes est clairement perçu comme un soft dépassé, tandis qu’une partie importante de sa base d’utilisateurs considère désormais qu’il est difficile à utiliser, selon nombre d’études. On peut par ailleurs parier que les petits gars de Palo Alto ont toutes les difficultés du monde à faire quelque chose qui soit mieux que Spotify ne l’est.

Le marché devrait commence à se refragmenter

Au cours des dix dernières années, la prédominance de Itunes a été impressionnante. Jusqu’à 88% de part de marché aux États-Unis (selon Steve Jobs himself) et une part de marché mondiale de l’ordre de 70%. Les Majors ont (auraient?) appris la leçon et feraient en sorte que cela ne se reproduire pas. Bonnes nouvelles pour eux: il ya beaucoup de nouveaux arrivants prêts à prendre leur part du gateau.

Le Mp3 est en préretraite

Le format cent fois hype a été inventé il y a plus de 20 ans. Il est maintenant clair qu’en terme d’efficacité, de compression et de fingerprint, il est loin d’être le meilleur. Et le passage au cloud va achever de faire rentrer le mp3 dans histoire.

Le trafic P2P… diminue

Peut-être pour la première fois en plus de dix ans, l’échange P2P a connu de fortes déconvenues, avec des acteurs comme LimeWire obligés de cesser leur activité alors que les peines de prison des fondateurs PirateBay ont été confirmées par la court d’appel suédoise. En conséquence, le trafic P2P semble avoir régressé un peu partout (il n’existe pas de chiffre agrégé). La piraterie ne s’en parle pas moins bien, grâce au fast download… aux VPN et sites illégaux de streaming. Pour 2011, le nombre croissant de lois (comme Hadopi en France) pourrait considérablement réduire ces activités illicites, du moins en Europe.

Les Fans sont de retour … au moins sur Facebook

Vous pensez que les “fans” Facebook ne sont pas significatifs en termes de business de la musique? Doigt dans l’oeil. La tendance de fond semble être clairement de lier profondément la musique aux réseaux sociaux… Pour nos ados, écouter de la musique signifie regarder des vidéos (forcément musicales), jouer à des jeux vidéo (en même temps) ou être sur FB.. Cela pourrait expliquer pourquoi la valeur faciale de la musique a chuté à près de zero pour les très jeunes ados (étude Nielsen sur le marché UK). Toutefois, la bonne nouvelle est que 12 des 20 profils Facebook ayant le plus grand nombre de Fans sur Facebook sont des musiciens. Et ces artistes se rendent à présent compte qu’ils peuvent vraisemblablement monétiser ces fans. L’exemple du Social Gaming en plein essor a prouvé que le nombre de fans n’est pas un concept fumeux de marketeur en manque de reconnaissance, mais est une source de revenu tangible. Mettre en relation les fans (via des réseaux sociaux) avec la musique peut être un axe de développement très significatif pour l’industrie musicale. Quelques start-ups -dont MXP4- ont clairement identifié cette opportunité. On en est encore au début, mais il ya des raisons de croire qu’il peut s’agit d’un business encore plus explosif que le marché de -feu- les sonneries de mobile.

La valeur change de mains

Cela a commencé il y a longtemps avec les e-commerçants (Itunes, Amazon …) et plus récemment avec les plateformes type Deezer, Spotify, Pandora … Mais depuis deux ans, les sociétés de type CDBaby, Orchard, et Believe -issues du monde de l’Internet- augmentent clairement leurs parts de marché. On notera que l’augmentation des tarifs Sacem est également de nature à renforcer des offres de type Jamendo. On ignore cependant si les revenus de ces nouveaux acteurs »sont reconnus et admis par l’industrie de la musique (nous supposons que la situation diffère d’un pays à l’autre). En revanche nous parions sur le fait qu’ils vont devenir en 2011 des acteurs à part entière de l’écosysteme, à l’instar du fondateur de Believe, devenu patron…. du Snep.

La Long tail crée de la valeur

Même si ce concept popularisé par Chris Anderson est à présent largement critiqué, nous ne pouvons pas nier que la valeur de la musique située dans la partie longue de la queue a considérablement augmenté et qu’elle représente à présent une grande partie du chiffre d’affaires nouvellement créé.

2011, nous pourrons voir l’émergence d’un artiste grâce à Facebook

Mark Zuckerberg a récemment fait comprendre qu’il souhaite “réorganiser” le contenu (y compris la musique) en peu de temps, grâce à de nouvelles fonctionnalités Facebook qu’il devrait peu à peu dévoiler en 2011. Il comprend bien qu’ayant construit le plus grand réseau social de tous les temps il dispose d’une plateforme unique pour promouvoir de nouveaux contenus. Notre pari est que, en 2011, un artiste qui attendra un jour une renomée mondiale émergera grâce à Faceboook.

Initialement publié sur: sawnd

Crédits photos CC flickr: feuillu; alberto cerriteno; Scammah

]]>
http://owni.fr/2011/01/17/2011-annee-charniere-pour-lindustrie-de-la-musique/feed/ 2
[INTERVIEW] Pascal Nègre : “le défi de demain ? Que la musique soit écoutée” http://owni.fr/2010/12/08/interview-pascal-negre-le-defi-de-demain-que-la-musique-soit-ecoutee/ http://owni.fr/2010/12/08/interview-pascal-negre-le-defi-de-demain-que-la-musique-soit-ecoutee/#comments Wed, 08 Dec 2010 14:11:50 +0000 Owni Music http://owni.fr/?p=28732 Lorsque Pascal Nègre sort un livre (Sans Contrefaçon, titre gracieusement accordé par son amie Mylène Farmer) qui revient sur sa carrière, de ses débuts sur une petite radio de la région parisienne à son ascension au poste de P-DG de la première major de France, l’occasion est trop belle.

OWNImusic en a donc profité pour le rencontrer et l’interroger sur les questions qui animent voire secouent l’industrie dont il est une des incarnations emblématiques. L’homme, affable, est relativement facile d’accès et accueillant. Du haut de son bureau du Vème arrondissement, nous abordons des sujets qui font polémique et parfois même fâchent. Si l’échange est parfois animé, M. Nègre nous assure qu’il n’est “jamais en colère, mais convaincu”.

Le parti pris de notre interview était moins de parler du livre et de l’auteur (sur lesquels vous pourrez trouver de nombreuses critiques plus ou moins élogieuses) que d’entendre les positions de l’un des hommes les plus puissants de l’industrie musicale en France. Une industrie qui, comme chacun sait, subit des mutations fondamentales.

Nous avons délibérément choisi de vous donner accès à l’intégralité de notre entretien [PDF], qui a duré près d’une heure quinze au lieu de la demi-heure initialement prévue. Preuve que même si nos avis divergent (et ce fut souvent le cas au cours de cet entretien), rien n’empêche d’échanger avec un chef d’entreprise souvent décrié.

Nous rencontrons Pascal Nègre au cours d’une semaine qui s’annonce historique pour les charts anglais. L’ancien boysband Take That, reformé et revenu à son succès d’antan, a sorti son nouvel album quelques jours plus tôt et est en passe de battre les records de ventes pour une première semaine. Il s’en est finalement vendu 520 000 en sept jours, soit la meilleure première semaine depuis Be Here Now d’Oasis en 1997… un jackpot pour Universal, la maison de disques du quintette britannique. C’est un beau prétexte pour interroger leur patron sur cette différence notable entre anglais et français: pourquoi ceux-ci achètent-ils toujours autant de disques ?

Les anglais ont une relation totalement différente à la musique. Posséder de la musique est quelque chose de culturellement fondamental.

“Alors évidemment après il y a des débats mais pourquoi ? Ça n’est en tout les cas pas parce qu’on a loupé quelque chose puisque c’était le cas dans les années 60, dans les années 70 et ainsi de suite. J’ai souvent abordé le sujet en demandant pourquoi. Certaines personnes ont une analyse assez originale qui consiste à dire que le 45 tours était un support surpopulaire en Angleterre dans les années 60, tandis qu’en France c’était un support acheté par les classes moyennes. Alors j’en rajoute un peu et je n’aime pas ces termes, mais la musique, c’était vraiment un truc de prolo en Angleterre. En France, ceux qui achetaient un 45 tours étaient dans la classe moyenne. L’autre argument étrange consiste à dire qu’en France, nous avons toujours eu besoin pour développer des carrières d’artistes, d’avoir des textes alors qu’en Angleterre un ‘love me yeah yeah yeah’ on s’en fout complètement pourvu que ça bouge. La mélodie est plus importante.”

Certes, mais on peut s’interroger sur le virage du numérique, largement pris par nos voisins d’outre-Manche (et d’ailleurs), mais plus poussif chez nous. Monsieur Nègre ferait-il preuve de mauvaise foi lorsqu’il évoque “la taille du gâteau” pour expliquer les différences de chiffres entre les deux marchés ? Certainement. On ne saurait trouver satisfaisant le fait de vendre 7000 ou 8000 titres quand on est en pôle position des classements quand dans d’autres pays aux marchés comparables au notre le numéro 1 des charts réalise 100 000 ventes hebdomadaires. Logique donc d’évoquer un thème que nous avons déjà largement abordé sur OWNImusic : l’éducation musicale.

On pourrait imaginer que les patrons de majors prennent conscience qu’avec un système d’éducation musicale plus efficace, ils pourraient profiter d’un public plus cultivé, demandeur de musique et bénéficier ainsi d’un vivier d’artistes plus compétents. Pascal Nègre développe son analyse de l’environnement culturel dans lequel il évolue:

“Là, c’est un long combat et pourquoi [...] ? Eh bien parce qu’en France, le culturel, (ça veut dire le respectable) c’est évidemment la plupart du temps le livre. Et la France est un pays d’écrivains. Ensuite, c’est le film. Parce qu’historiquement la France, à juste titre d’ailleurs, depuis le Front Populaire, a mis en place des systèmes d’aide au cinéma pour que le cinéma français existe. Dans la musique, le culturel, c’est la musique classique. Je me rappelle de mes cours en cinquième ou sixième où on nous faisait écouter les grands œuvres classiques, ce qui est très bien d’ailleurs. Mais voilà, en Angleterre, les Beatles font partie du patrimoine, c’est aussi important que pour nous Victor Hugo. Mais alors là mon pauvre, pour changer les mentalités, y’a du boulot.”

L’analyse étant plutôt pertinente, nous osons interroger notre interlocuteur sur la possibilité pour les industriels de la musique de participer à l’amélioration du système de l’éducation musicale en France (voir notre entretien avec Didier Lockwood). “Alors on peut dire avec notre petit niveau ‘faites des efforts’…mais alors là… [...] J’explique dans mon livre que notre poids économique est faible [...]”.

Pascal Nègre est PDG de maison de disque et non conseiller du ministre de l’Éducation Nationale, il est bien plus loquace sur les thématiques orientées business. Nous abordons alors les sujets qui nous animent chez OWNImusic, parmi lesquelles le marketing et la monétisation à l’heure d’Internet. En commençant par le concept du “pay what you want” (ou prix libre), le chef d’entreprise se réveille : “ça ne fait pas rêver”, nous dit-il lorsque l’on prend l’exemple, pourtant positif, du groupe anglais Radiohead.

Moi je pense que la “vraie” révolution de la distribution numérique c’est l’abonnement.

“Donc à partir de ce moment là, le Pay What You Want n’a même plus de sens parce qu’en fait c’est, “paie un accès à tout ce que tu veux”. Ce n’est plus “tu paies pour telle création”, mais “tu paies pour avoir accès à toutes les créations et tu prends ce que tu veux”. Ça c’est le premier point, et le deuxième point qui est intéressant pour moi avec l’abonnement et en particulier avec tout ce qu’est en train de développer Spotify, c’est l’échange des playlists et donc c’est le partage, qui était la deuxième idée. La musique, c’est l’écouter et la partager.”

Alors que le peer-to-peer remet en question la notion de partage depuis une dizaine d’années, que signifie “partager” selon Pascal Nègre ? Il est assez clair que cela n’a rien à voir avec une idée d’échange à l’infini entre internautes consentants: “Quand on partage, c’est volontaire. Je vais partager mon dîner avec vous et j’en suis ravi. Si vous déboulez chez moi et vous vous asseyez à ma table alors que je ne vous ai pas invité alors là, ça ne s’appelle pas du partage. [...] Ensuite [...], et c’est sûrement mon côté égoïste, mais je partage avec les gens que je connais. Donc [...] avec le Peer to Peer vous ne partagez pas.”

On est donc tenté de nuancer ce concept de partage et de le reconsidérer au côté de la notion plus appropriée de recommandation. Ce que M. Nègre lie à ce qui constitue pour lui l’avenir de la musique enregistrée : l’abonnement aux services de streaming. “(…) Moi, ce que j’aime, parce que dans les propositions d’abonnements (n’oubliez pas que ce marché digital il est tout jeune, il est tout petit) c’est que c’est prévu. C’est à dire que vous pouvez vraiment partager. Vous échangez des playlists et là, pour moi, il y a une notion de partage.”

On en vient enfin à saisir la vision de l’homme d’affaires sur le futur de son secteur. Comme si la bataille de la vente de musique en tant que produit d’appel était presque perdue, il nous explique:

[mon] métier aujourd’hui, c’est de vendre des disques et des téléchargements. Demain, ce sera que ce soit écouté.

La nuance n’est pas insignifiante, puisqu’elle induit la nécessité d’une réelle réflexion stratégique dont on peut douter que les majors aient pris la mesure. “on a une image d’hommes préhistoriques, alors qu’on est à l’inverse des pionniers, c’est à dire qu’on est les premiers à avoir essuyé les plâtres, qu’on est en train de travailler, de trouver les modèles, à la fois de ‘comment je vais vendre, comment je vais diffuser et monétiser’, parce qu’on a besoin de ça, et parallèlement à ça, on est d’une modernité absolue dans la manière dont on travaille aujourd’hui, le community management… Pour vous dire, ça fait un certain nombre d’années que ça existe chez nous, comment on travaille, comment on crée des blogs, comment on fait monter la sauce…”

Pas franchement convaincus malgré la verve certaine de notre hôte de la matinée, nous continuons à croire que les majors tâtonnent encore dans leur appréhension du digital, plus de dix ans après l’apparition de Napster et consorts. Si les initiatives valorisant les contenus (telle la web TV “OFF”, lancée par Universal cette année, qui propose du contenu exclusif de ses artistes) commencent à apparaître, elles restent des initiatives isolées et bien tardives. La justification de ce retard, si elle peut sembler sincère s’avère quelque peu maladroite :

Créer des contenus, c’est facile, mais si à un moment je crée des contenus et que ça me coûte une fortune… [...] Effectivement, Off c’est peut être pas très original mais j’ai l’impression qu’on est les premiers à faire ça…

Si nos avis respectifs divergent quant aux nouveaux usages, nous restons persuadés que la notion de monétisation, et par là-même la rémunération des artistes et le maintien d’une réelle économie autour des contenus culturels, est le nerf de la guerre dans ce débat. Sur le chapitre primordial de la monétisation des contenus et de la rémunération des ayant-droits, M. Nègre s’inscrit en farouche opposant à la licence globale.

“Il y a deux raisons. D’abord, en tant que citoyen, je ne vois pas pourquoi on me taxerait alors que je n’écoute pas de musique [...]” “Deuxième raison : ca favorise qui ? Les gros. Alors vous allez me dire, ‘vous êtes complètement crétin, vous êtes la plus grosse maison de disque avec les plus gros artistes, vous pourriez en profiter’. Oui, mais non. Parce qu’on est le premier producteur de musique classique dans le monde, premier producteur de jazz dans le monde, on est le plus gros producteur de nouveaux artistes dans le monde. On est la maison de disque, en France et à l’international qui signe le plus de nouveaux artistes.”

Ici, M. Nègre fait allusion au système de répartition des revenus liés à l’exploitation de la musique, qui, dans le cadre d’une licence globale, s’effectuerait par le biais de sondages effectués auprès des internautes. Nous ne pouvons nous empêcher de constater que la répartition actuelle des droits perçus auprès des radios et autres usages publics sont approximatifs et dépendent largement de la bonne foi des déclarants. Allez, accordons tout de même au patron l’intention “louable” de maintenir un certain niveau de diversité au sein de sa major. Croyez-le ou pas, Universal ce n’est pas que les vaches à lait de type Black Eyed Peas ou Mylène Farmer :

Chez nous et il y a pleins de disques qu’on vend à trois-cents exemplaires et j’en suis très fier parce que ça fait partie de mon travail éditorial, c’est à dire de position par rapport à la création, à la culture… et la culture c’est la diversité.

On entend souvent que les revenus générés par le live constituent une planche de salut pour les artistes. Pourraient-ils alors envisager de délaisser les enregistrements studio, et, cassant le modèle traditionnel, se contenter de tourner sans fin pour aller chercher l’argent là où les consommateurs veulent bien encore le mettre, sans possibilité de piratage ? Évidemment nous nous devions d’évoquer l’HADOPI, qui même si elle n’est pas le fait des seules majors, ne pouvait être ignorée dans cet entretien.

La loi, dont on ne peut objectivement pas mesurer les résultats pour le moment, et au moment où les plateformes légales développées en parallèle commencent à faire leurs preuves, constitue l’un des sujets que Pascal Nègre a incarné en raison de sa position tant professionnelle que médiatique. M. Nègre commence par une mise au point sur la genèse de la loi : “Excusez-moi mais HADOPI, ce ne sont pas les majors. Ce sont des députés, des sénateurs qui ont mis deux ans pour la voter. Parce qu’entre les accords de l’Elysée, c’est logique, il n’y a pas que la musique, il y a le film, le cinéma, la télé et excusez moi mais les fournisseurs d’accès aussi sont comptés dans cette liste. Donc voilà, premier point. Deuxième point, l’HADOPI, c’était l’idée que l’Etat officiellement dise ‘attention, pirater, ce n’est pas légal.’ C’est un point qui est important et visiblement, il y a des gens qui l’ont entendu. Il s’agit, à un moment, de dire ’si vous voulez que la création existe, il faut qu’elle soit financée et à un moment, aller pirater, c’est pas terrible’.”

Ainsi que nous nous y attendions, il nous prône la dimension pédagogique de la loi. Celle-ci s’attaquant avant tout aux réseaux de peer-to-peer, des moyens de piratage déjà obsolètes, détournés voire supprimés (dans le cas de Limewire par exemple), la légitimité d’engager de telles dépenses aux frais du contribuable est-elle vraiment justifiée ?

“Dix millions, vous trouvez ça beaucoup pour sauver une industrie dans laquelle 75 000 français travaillent ? (…) [Il y a] cinq millions de personnes qui travaillent dans le milieu culturel en Europe. Cinq millions de personnes qui sont liées à la création de contenus, c’est gigantesque. Et se poser la question de la piraterie c’est aberrant ? Non, ce n’est pas aberrant. (…) Moi je vois de la pub en permanence sur l’artisanat donc voilà, ça ne me choque pas de voir de la pub sur “attention, la création a un sens, elle a une valeur”.

Cette somme n’aurait-elle pas pu être investie dans l’innovation technologique, servir à développer des services légaux appropriés, qui dès qu’ils sont suffisamment qualitatifs et adaptés aux usages, détournent automatiquement les éventuels “pirates” des téléchargements illégaux ? La réponse fuse :“Je veux bien que l’État finance de l’innovation technologique et je trouve ça très bien. Mon angoisse, c’est que malheureusement, l’innovation technologique ne vient pas de chez nous.” (…) Quand vous voyez que vous êtes sur Deezer, sur FNAC.com et Itunes.com en France, et qu’il y en a un qui n’a pas le même taux de TVA que l’autre…”

L’innovation technologique n’est en effet pas taxée aux États-Unis comme elle l’est en Europe.

Nous avons rapporté ici les points fondamentaux de notre long entretien avec Pascal Nègre. Nous vous invitons à en lire la retranscription complète [PDF].

Interview réalisée et éditée par Lara Beswick et Loïc Dumoulin-Richet.

Illustrations CC FlickR par Clé : ROBIN ; corps : Jonathan_W, Beverly & Pack,Steve.M~, ottonassar; Mijndert Stuij

]]>
http://owni.fr/2010/12/08/interview-pascal-negre-le-defi-de-demain-que-la-musique-soit-ecoutee/feed/ 2
Bilan de la première édition parisienne du MaMA http://owni.fr/2010/10/20/bilan-de-la-premiere-edition-parisienne-du-mama/ http://owni.fr/2010/10/20/bilan-de-la-premiere-edition-parisienne-du-mama/#comments Wed, 20 Oct 2010 10:29:35 +0000 Loïc Dumoulin-Richet http://owni.fr/?p=27182 Le MaMA s’est installé cette année pour la première fois à Paris, avec pour objectif de réunir les professionnels des musiques populaires pour deux jours d’échanges, de conférences et de rencontres mais aussi de concerts. Quel bilan peut-on tirer de la manifestation qui entend bien s’installer durablement ?

Année 1 : bilan satisfaisant

L’équipe d’OWNImusic a arpenté le XVIIIème arrondissement parisien deux jours durant à l’occasion de la première édition du MaMA, le salon professionnel des “musiques populaires”. L’éditon 2009, qui avait eu lieu à Bourges en amont du Printemps a en effet été qualifiée d’année “zéro” par son fondateur Daniel Colling lors de la conférence de presse de clôture des festivités, samedi soir. Trois raisons à ce déménagement : la proximité trop immédiate du festival, qui faisait de l’ombre au salon, une volonté d’internationaliser la manifestation (il est plus facile de faire venir les intervenants étrangers à Paris) et enfin l’absence de subvention de la part du Cher.

L’arrivée du salon dans la capitale, le premier du genre à Paris (aussi étonnant que cela puisse paraître), marque pour son équipe dirigeante la volonté d’instaurer des rencontres professionnelles à l’échelle internationale. Une telle initiative n’existait jusqu’alors pas en France, à l’exception du MIDEM qui n’est pas à proprement parler un événement français. De ce point de vue, on peut parler de réussite : 1926 professionnels ont en effet été accrédités, parmi lesquels 30% d’internationaux originaires de 39 pays.

Bonne organisation, belles occasions de rencontres, convivialité et rythme convenable, le MaMA a choyé ses participants en proposant des ateliers professionnels “speed meeting” mais aussi des cocktails tout aussi efficaces pour initier des contacts intéressants.

L’industrie de la musique, cette géronto-phallocratie

Pour ce que est des conférences, que vous avez pu suivre via notre compte Twitter lorsque les connexions wifi le permettaient, notre avis est plus mitigé. Si les sujets abordés s’inscrivaient pertinemment dans les problématiques auxquelles l’industrie fait actuellement face, on peut regretter que nombre d’intervenants étaient issus de la “vieille” industrie de la musique.

Ainsi, les conférences, plutôt que de favoriser un réel débat entre les participants (sans parler du public), se sont souvent bornées à des échanges de points de vue poliment écoutés par les uns et les autres. On pense notamment à la conférence du vendredi après-midi intitulée “Un nouveau modèle économique pour les musiques populaires ?”, qui n’a pas vraiment tenu ses promesses, malgré la qualité des intervenants.

Autre point qu’un certain nombre de membres du public a noté : l’absence flagrante de femmes dans les panels. Certes il reflète la phallocratie inhérente au business de la musique, mais on peut s’interroger : y a-t-il si peu de femmes capables de prendre part aux débats qui agitent l’industrie ?

Quant à la pertinence de s’interroger sur l’état de celle-ci en 2025 (conférence Muzik2025 au studio 128, samedi après-midi), elle a fait sourire. Voir un panel majoritairement issu de “l’ancienne génération” de dirigeants donner des leçons et imaginer un futur alors même qu’ils ont clairement échoué (pour le moment ?) a construire un présent satisfaisant pour leur secteur semblait pour le moins ironique. Ou alors peut-être avons nous l’esprit mal placé.

Une suggestion pour l’an prochain ? Donner davantage la parole à ceux qui cherchent (et trouvent) des solutions pour dynamiser l’industrie de la musique, tous ces dirigeants de start-up ou services innovants, qui s’ils n’ont sans doute pas le poids ni la respectabilité de leurs aînés, pourront probablement ouvrir d’intéressantes perspectives pour un public qui les aurait accueillies avec plaisir.

Quant à l’avenir justement, Daniel Colling a évoqué la possibilité d’étendre la durée du MaMA à trois jours, le jeudi et vendredi étant réservés aux professionnels et le samedi davantage tourné vers les publics. Des publics qui n’ont d’ailleurs pas été négligés cette année avec pas moins d’une soixantaine de concerts dans les salles avoisinantes (Divan du Monde, Cigale, Boule Noire, 3 Baudets…) et les bars du quartiers, répartis sur deux soirées. C’est d’ailleurs une des grandes réussites de cette édition, la programmation minutieuse ayant eu de quoi satisfaire les spectateurs, qui d’ailleurs n’ont pas boudé les diverses manifestations, les concerts affichant un taux de remplissage de 95%.

Pour notre part, nous notons que cette première véritable édition du MaMA a posé de bonnes bases que nous avons hâte de voir confirmées l’an prochain. Il est certain que Paris se devait d’accueillir une telle manifestation, espérons maintenant qu’elle se pérennisera et saura s’imposer sur la scène internationale. C’est sans doute son enjeu majeur.

Crédits photos : MaMA / FlickR CC : Dunechaser

]]>
http://owni.fr/2010/10/20/bilan-de-la-premiere-edition-parisienne-du-mama/feed/ 2
Contenus : l’heure du Cloud a sonné http://owni.fr/2010/10/05/contenus-lheure-du-cloud-a-sonne/ http://owni.fr/2010/10/05/contenus-lheure-du-cloud-a-sonne/#comments Tue, 05 Oct 2010 14:03:59 +0000 Benoit Darcy http://owni.fr/?p=26864 Nous assistons aujourd’hui à un paradoxe étonnant : le dynamisme le plus fort de l’industrie musicale est ces dernières années observé dans son secteur le plus volatil. Les concerts. Il s’agit presque d’un retour aux sources. On accorde désormais une plus grande valeur à l’écoute de musique reproduite par des humains, sans enregistrement. C’est pourtant bien l’enregistrement de la musique qui a depuis des décennies façonné son histoire. Tout au moins son évolution.

Une histoire jalonnée de révolutions

Selon Wikipedia, La première invention permettant l’enregistrement sonore fut réalisée par le français Édouard-Léon Scott de Martinville qui mis au point et breveta en 1857 le phonautographe, appareil qui enregistre le son sans toutefois pouvoir le restituer. Le phonautographe se compose d’un pavillon relié à un diaphragme qui recueille les vibrations acoustiques transmises à un stylet qui les grave sur une feuille de papier enduite de noir de fumée (laquelle est enroulée autour d’un cylindre rotatif). Un exemplaire d’un enregistrement papier retrouvé en 2008 et dont la réalisation date de 1860, a été traité numériquement pour pouvoir être réécouté aujourd’hui. L’enregistrement d’une dizaine de secondes d’un au clair de la lune d’une voix féminine est la plus ancienne reproduction sonore de l’humanité.

Mais c’est à Thomas Edison que nous devons le plus connu des moyens d’enregistrement du 19ème siècle : le phonographe. Edison dépose un brevet sur son phonographe en 1877. Le principe est simple : une membrane de mica solidaire d’un stylet est mue par les ondes sonores et grave directement ces vibrations sur une kipa en vinyl en mouvement rotatif, laissant un sillon s’enroulant sur le pourtour de la kipa. La particularité du phonographe est qu’il est réversible : le même mécanisme sert à la fois à enregistrer et à reproduire les sons. Une évolution du phonographe, toujours basée sur un enregistrement direct mécanique aboutira au disque et au gramophone.

Le vinyle fera une bien belle carrière dans l’industrie de la musique. Il est même encore utilisé de nos jours par des passionnés, des audiophiles et même des DJs. Cent ans après l’invention d’Édouard-Léon Scott, dans les années 60, la cassette fera sa percée et apportera son lot d’innovations : enregistrement plus facile, plus accessible, possibilité d’étendre la durée de musique enregistrée, résistance aux chocs et copie possible.

Dans les années 80, arrive le numérique. La technologie permet de convertir des sources analogiques en données numériques, c’est l’arrivée du CD. Jusqu’alors chaque changement de technologie s’accompagnait d’une variation positive d’un paramètre essentiel pour l’auditeur : la qualité d’écoute. Le CD, en plus de la qualité, a amené bien plus. Il a révolutionné – une première fois – la manière dont la musique pouvait se transporter, s’échanger. Lorsqu’il est devenu Recordable, le CD a continué sa mutation des pratiques d’échange. Il est alors devenu plus simple de copier, couper, coller, compiler, playlister. Mais cette révolution n’était rien par rapport à celle qui allait suivre, celle du MP3 et de la dématérialisation. Pour la première fois, il ne s’agissait pas de créer de l’innovation technologique pour améliorer la qualité de reproduction de la musique. Mais de remettre en question la manière dont la musique se consommait.

La musique est aujourd’hui devenue pervasive. Et si ce ce terme n’est pas reconnu officiellement dans l’usage en langue française nous précise le Wiktionnaire, c’est bien au sens latin que ce terme s’applique à la musique. Pervasif est ainsi synonyme de « aller de toute part, s’insinuer, se propager, se pénétrer dans, s’étendre, imprégner, se répandre, faire répandre, envahir ».

Le Cloud Computing appliqué aux loisirs numériques

Connaissez-vous le Cloud Computing ? Il s’agit d’un concept majeur de l’informatique moderne. Ce concept a redéfini les axes de pouvoir dans le business des logiciels et du hardware depuis le début des années 2000. Des sociétés comme Google ou SalesForce.com en ont largement tiré parti. Wikipedia en donne une définition assez simple et synthétique : dans la pratique, avec une solution de Cloud Computing, les applications et les données ne se trouvent plus sur l’ordinateur local, mais – métaphoriquement parlant – dans un nuage (le CLOUD) composé d’un certain nombre de serveurs distants inter-connectés au moyen d’une excellente bande passante indispensable à la fluidité du système. L’accès au service se fait par une application standard facilement disponible, la plupart du temps un navigateur Web.

Déporter le stockage des contenus, en assurer l’accès partout, tout le temps

Si le Cloud Computing permet de déporter les calculs, l’intelligence logicielle, il faut également déporter le stockage. La musique, la vidéo, les jeux sont grands consommateurs d’espace. Mieux, il faut en assurer l’accès à tout moment, avec ou sans connexion Internet. Si vous êtes un power-user de Gmail, vous connaissez surement Google Gears, qui permet notamment via un système de cache d’accéder à son Webmail même en étant déconnecté du « nuage ». Le modèle est applicable à la musique. Des solutions existent déjà. Spotify par exemple permet via son système de peer-to-peer de s’affranchir des dépendance par rapport à un serveur centralisé où se trouve la musique (= le modèle de Deezer basé sur du streaming). Dès lors, il est aisément imaginable qu’un tel service puisse, à l’aide d’un système de cache, être utilisable sur un téléphone mobile.

L’usage sera très simple : le téléphone mobile, grâce à sa connexion internet pourra se connecter au CLOUD partout et tout le temps et ainsi diffuser la musique à la demande. Si jamais la connexion venait à s’interrompre, le système de mémoire cache pourrait prendre le relais. Et comment assurer la pertinence de la musique stockée dans le cache, pour être à peu près certain de répondre à la demande d’écoute de l’utilisateur même si la connexion est coupé ? C’est simple : en exploitant intelligemment les données de services monitorant les habitudes d’écoutes. C’est tout l’objet d’un service comme Last.fm, premier sur le secteur, et qui a une énorme carte à jouer dans le domaine ces 2 ou 3 prochaines années.

Avec un tel système, le téléchargement n’a plus sa place. Ou peut être pour les paranos de l’archivage, ou bien pour transmettre de la musique à une personne ne disposant pas d’un CLOUD. Dans tous les cas, le téléchargement légal comme illégal deviendra un usage en baisse de régime, puis deviendra minoritaire, avant de s’éteindre définitivement. Pascal Nègre ne sera peut être plus de ce monde pour vivre cette révolution à laquelle il aura tant rêvé pendant les 10 dernières années de sa carrière. Reste que la jeune génération n’aura alors connu que ça. Le CLOUD. Ce mode de consommation constituera leur usage principal. Et cela ne sera pas uniquement restreint à la musique…

La vidéo, la musique et le jeu-vidéo, en un mot : l’entertainment

Nous venons de le voir. La musique n’est pas le seul domaine où la révolution du CLOUD est en train de s’opérer. Les grandes manœuvres sont en marche dans bien d’autres domaines.

En TV par exemple, la majorité des grandes chaînes se sont maintenant dotées de services de Vidéo à la demande et de catch-up TV. Il est maintenant possible de regarder à peu près n’importe quelle émission, à peu près à n’importe quel moment. Ajoutez à cela les progrès réalisés par les boxes des FAI (un phénomène très français) et des progrès réalisés sur le marché des télévision Internet. Jusqu’à aujourd’hui, les tentatives de TV Internet avaient toutes échoués (vous souvenez vous de l’échec cuisant de la Thomson TAK ? voir cet article de 2001 sur 01net). Les constructeurs remettent sur le marché des TV connecté à Internet, avec encore une fois des arguments marketing fumeux (comme si l’accès à des widgets météo, news, etc. pouvaient révolutionner l’usage…), mais qui laisseront rapidement place à de vrais modèles d’innovation et de rentabilité. VOD et Catch up TV en sont.

Dans le jeu vidéo, certaines initiatives allant dans le sens du Cloud verront peut-être même le jour cette année. Ainsi, le service OnLive.com permettra de « streamer » des jeux vidéo. Pas besoin de console, pas besoin de DVD, encore moins de cartouche. Une TV et une box suffiront. Je vous encourage vivement à aller regarder la vidéo de présentation du service sur le site OnLive. Ca ne marchera peut être pas de manière optimale au début (lire des détails sur Gamekult). Cela demandera probablement une bande passante hallucinante, mais OnLive permet d’entrevoir la façon dont l’industrie du jeu vidéo peut tirer parti du CLOUD. Nul doute que les constructeurs de console feront tout pour empêcher cette révolution… [...]

Recommencer à gagner de l’argent avec les contenus

Si le Cloud redéfinit la façon dont on consomme les contenus et annule la valeur du téléchargement, il ne règle pas plus qu’un autre système le problème de la rentabilité de tout ce petit univers. A mon sens, pour que le CLOUD trouve la pérénité et assure des revenus à la filière musicale, nous devrons passer par une étape indispensable : redéfinir la manière dont est calculé la rémunération des droits d’auteurs. Il faudra baser les analyses sur de nouvelles grandeurs à mesurer : le nombre d’écoutes, le nombre de téléchargement… Il faudra enfin utiliser à bon escient les méta-données. Ce sont ces métas qui structureront la rémunération et la répartition des revenus entre les différents intermédiaires et les producteurs de contenus.

Vous l’aurez compris, à l’heure où la loi Hadopi occupe les esprits, tout cela paraît bien loin. Nul doute que cette révolution prendra du temps. J’emprunterai la dernière phrase de ce long post (merci de m’avoir lu jusqu’ici !) à Linus Torvalds, le créateur du système Linux : « les backups c’est pour les fillettes, les vrais hommes mettent leurs données sur un serveur FTP et laissent le reste du monde créer des miroirs ». C’était en 1995, dans une discussion sur comp.sys.linux. Une heureuse prémonition qui laisse songeur…

Article initialement publié sur zdar.net

Crédits photos : CC FlickR markhoekstragregory moine, tanakawho

]]>
http://owni.fr/2010/10/05/contenus-lheure-du-cloud-a-sonne/feed/ 5