OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 L’enfance de l’art en dataviz http://owni.fr/2012/10/25/enfance-art-dataviz/ http://owni.fr/2012/10/25/enfance-art-dataviz/#comments Thu, 25 Oct 2012 15:20:34 +0000 Julien Joly http://owni.fr/?p=123958

Neuf heures. Une douzaine d’enfants déferle sur le stand du collectif Open Data de Rennes. Des tables bricolées à partir de palettes, style DIY, à l’occasion du festival Viva-Cités.

Notre mission : sensibiliser des écoliers à l’art de récolter les données et de les mettre en forme de différentes façons : diagramme circulaire, colonnes… Dans ma tête, ce n’est pas gagné d’avance. Comment intéresser des enfants à un concept aussi abstrait (et, accessoirement, paraître aussi cools que le stand d’à-côté, dédié aux imprimantes 3D et aux robots) ?

Pour essayer de capter l’attention des chérubins, on avait pris quelques précautions :

1. Dédramatiser

L’Open Data, c’est utile et rigolo. Voilà le message que doit faire passer Benoît, un membre du collectif promu M. Loyal pour l’occasion :

C’est quoi, des données ? Eh bien, c’est un peu comme dans une recette de cuisine. On va prendre de la farine, des œufs, et ça va faire un gâteau. Chacun de ces ingrédients est une donnée : on sait ce que c’est et combien il y en a. Les données, c’est important pour un pays par exemple. Comme savoir combien il y a de garçons et de filles, quel âge ils ont…

Quant à l’Open Data, c’est des données qu’on peut réutiliser. Vous savez ce que ça veut dire, “open”?

Un enfant : On dirait une marque de voiture !

Bon, au moins, ils écoutent sagement.

2. Diviser pour mieux datavizer

On installe les élèves par petits groupes de trois ou quatre. Chacun est accompagné par un membre du collectif qui les guide dans leur “exercice”. C’est aussi plus facile à gérer, d’autant que, parfois, les feutres ont tendance à se transformer en missiles lancés dans le pull du voisin.

Eh oui : pendant une heure, nous n’allons utiliser ni ordinateur, ni logiciel d’infographie : uniquement du papier des feutres… et des LEGO !

Chaque enfant commence par récolter et manipuler des informations. Mais pas n’importe quelles informations : des informations sur lui-même.

Nous leur avons distribué des grandes feuilles A3 avec des pictos et des cases à remplir : “Es-tu une fille ou un garçon ? Colorie la pastille correspondante avec la bonne couleur. Combien de télés il y a chez toi ? Combien d’animaux possèdes-tu ? De quelle espèce ?”

3. La dataviz sans ordinateur, c’est possible

Les enfants colorient le nombre de cases correspondant et reçoivent l’équivalent en briques de LEGO, qui seront par la suite récoltées dans chaque groupe puis assemblées pour faire des diagrammes en colonnes. Plus fort que la réalité augmentée.

L’atelier ne se déroule pas trop mal compte tenu du fait que les enfants ne connaissent pas les pourcentages et les fractions… alors, quand on leur demande de remplir un diagramme représentant la répartition des sexes dans leur petit groupe, on leur dit d’imaginer que c’est une tarte aux pommes.

Une fois le coloriage terminé, je leur indique les feuilles du groupe voisin :

Regarde, dans leur “tarte aux pommes”, il y a plus de vert que de orange… pourquoi, à ton avis ?

C’est parce qu’il y a plus de filles que chez nous !

C’est dans la poche. Les diagrammes de Venn, par contre, ont un peu de mal à passer… Même si, à notre grande surprise, certains enfants ont compris leur fonctionnement instinctivement.

4. Prévoir de la place pour les cas particuliers

Au final, nous aussi on apprend des choses. Par exemple, les cases “famille” ne sont pas assez nombreuses pour certains qui vivent à sept ou huit sous le même toit. Idem pour le nombre de télés : certains ont presque un écran dans chaque pièce !

A la fin de l’atelier, on récolte les briques de LEGO de tous les petits groupes et on les assemble par thèmes. Ainsi, les enfants peuvent comparer leurs données personnelles à celles de toute la classe. Ils se rendent compte que le petit bout d’information qui les concerne fait partie d’un ensemble, qu’on peut quantifier et comparer.

Par exemple, la “tour de LEGO” verte est plus grande que l’orange. Ca veut dire que les filles sont plus nombreuses. Certains garçons s”offusquent : “Oh non, c’est pas vrai ?” Eh oui, les gars, c’est aussi ça, la dataviz : briser les idées reçues et voir le monde (bon, en l’occurrence, la salle de classe) avec un oeil nouveau.

Alors, mission réussie ? Certes, en une matinée, nous n’avons pas formé une petite brigade de datajournalistes juniors. Il reste aux enfants à apprendre à manipuler des concepts essentiels comme les fractions, la géométrie… ce sera pour plus tard. D’ici là, l’Education nationale aura peut-être inscrit une épreuve de #dataviz au bac, qui sait ?

En attendant, ces écoliers ont prouvé que la collecte et la visualisation de données pouvaient être étudiées à l’école. De façon ludique. Et, pourquoi pas, associées à d’autres matières comme les maths ou la géo.

Alors que l’atelier se termine, un petit garçon me demande s’il peut emporter un souvenir.

Bien sûr, tu peux garder la feuille !

Bof, moi, je voulais les LEGO !


À lire aussi How GM is saving cash using Legos as a data viz tool.
Photos via Open Data Rennes/VivaCités par Christophe Simonato.
Mise à jour 26 octobre : un problème technique nous a fait initialement attribuer cet article à Sabine Blanc et non à son véritable auteur Julien Joly. Voici qui est réparé.

]]>
http://owni.fr/2012/10/25/enfance-art-dataviz/feed/ 10
Lego joue la guerre des clones http://owni.fr/2012/02/08/lego-joue-la-guerre-des-clones/ http://owni.fr/2012/02/08/lego-joue-la-guerre-des-clones/#comments Wed, 08 Feb 2012 11:55:20 +0000 Lionel Maurel (Calimaq) http://owni.fr/?p=97407

Ha, les Legos ! Du pur bonheur pour les petits et les plus grands, voire même un élément devenu indispensable dans la panoplie du geek aujourd’hui. Pas de FabLab qui se respecte par exemple sans Legos, c’est bien connu !

Ce que l’on sait moins, c’est que l’univers des petites briques de plastique coloré possède aussi une face cachée juridique et j’irais même jusqu’à dire que les Legos constituent l’un des plus fascinants objets de méditation juridique que je connaisse.

La semaine dernière, outre qu’un petit bonhomme à tête jaune a été envoyé pour la première fois dans l’espace (si !), la planète Lego a connu les derniers avatars en justice de la guerre sans merci que se livrent le groupe danois Lego et ses concurrents, pour le contrôle du (très juteux) marché mondial de la briquette.

Creuser les dessous de ces affaires, c’est constater que les Legos entretiennent un rapport très particulier avec la propriété intellectuelle, qu’il s’agisse de copyright, de droit des brevets ou de droit des marques.

Et se rendre compte que les Legos sont bien au cœur des mutations impulsées par le numérique et de leur répercussions juridiques, avec le Remix, l’Open Source ou encore l’impression 3D ! Lisez la suite et vous ne verrez jamais plus un Lego de la même façon !

Règlements de comptes

Le groupe danois Lego a décidé la semaine dernière de traduire devant un tribunal américain la firme Best-Lock,  dirigée par l’allemand Torsten Geller. Lego lui reproche notamment d’avoir contrefait ses produits en commercialisant des figurines et des briques très proches des siennes dans leur apparence.

Une semaine plus tôt, c’est au Canada que Lego avait maille à partir avec un autre concurrent dénommé Mega Brands, dans un différend qui a failli dégénérer à son tour en procès. Cette firme basée au Québec commercialise la gamme des produits Mega Blocks reposant sur un principe similaire aux Légos. Elle s’est vue menacée par une action intentée par la société danoise auprès des douanes américaines pour faire saisir d’importantes quantités de marchandises exportés à destination des États-Unis. Pour se défendre, Mega Brands a formé un recours en justice contre Lego,  avant finalement de le retirer, la firme danoise ayant jugé bon de ne pas risquer le procès.

Ces péripéties ne constituent que les derniers épisodes d’une longue “guerre des clones” dans laquelle Lego s’est engagé depuis plusieurs années, mais qui tourne peu à peu à son désavantage, en raison des sévères difficultés rencontrées pour faire protéger ses briques de plastique.

Brevet disparu

Les Legos ont été lancés après la seconde guerre mondiale, lorsque l’usage du plastique s’est répandu, par un charpentier danois, Ole Kirk Christiansen, aidé par son fils. Le groupe Lego a ensuite cherché à se protéger juridiquement de la concurrence par le biais d’un brevet déposé en 1961 sur ses briques. Mais la protection accordée dans ce cadre n’est que temporaire et en 1988, l’exclusivité accordé à ce brevet a disparu. Cela a ouvert une faille dans laquelle plusieurs concurrents, les Lego Clones,  ont cherché à s’engouffrer.

Lego a réagi en essayant de changer de terrain juridique pour pouvoir continuer à se protéger par le biais d’un droit de propriété intellectuelle. En 1989, il attaqua ainsi la firme Tyco Toys devant les tribunaux anglais. Ceux-ci lui permirent de l’emporter, en reconnaissant que Tyco avait violé le design protégé des briques, mais ils refusèrent de considérer que les briques puissent être protégées par un véritable copyright, comme le demandait Lego, car ils estimèrent que la dimension fonctionnelle de ces éléments prévalait sur leurs aspects esthétiques. En 2002, Lego prit cependant sa revanche, en parvenant à faire condamner devant un tribunal chinois la firme Coko pour violation de copyright.

Le copyright s’avérant néanmoins un terrain trop incertain, Lego a également essayé d’utiliser le droit des marques pour se protéger, mais il a connu en la matière plusieurs déconvenues.

En 2005, la Cour suprême du Canada avait ainsi débouté Lego, qui demandait à ce que ses produits ne puissent plus être confondus avec ceux d’un concurrent québécois, Mega Blocks, qui était parvenu à se tailler de belles parts de marché au Canada et aux États-Unis. La Cour avait estimé dans son jugement “qu’un dessin purement fonctionnel ne peut servir de fondement à une marque de commerce déposée“. La bataille judiciaire entre les deux fabricants s’est néanmoins poursuivie en Europe, avec des plaintes déposées par Lego en Allemagne, en Italie, en France, en Grèce et aux Pays-Bas ! Cette lutte acharnée prit fin en 2010, lorsque la Cour de Justice de L’Union Européenne a refusé que Lego utilise le droit des marques pour prolonger artificiellement son brevet. Elle a jugé que la forme de la brique LEGO ne répondait pas à un besoin d’identification du produit, mais remplissait une simple fonction utilitaire que le droit des marques ne peut protéger en elle-même.

Ce que montrent ces décisions, c’est qu’il y a dans les briques Lego quelque chose de juridiquement insaisissable qui empêche dans une certaine mesure leur protection par un monopole fondé sur la propriété intellectuelle. Mais ce n’est vrai qu’en partie et Lego n’est pas complètement démuni pour lutter contre ses concurrents directs ou indirects.

L’empire contre-attaque !

Lego déploie en effet une très grande agressivité juridique pour se défendre devant les tribunaux et on l’a vu faire feu de tout bois pour arriver à ses fins. Malgré des procès perdus, le droit des marques ne lui est tout d’abord pas complètement inutile. Il lui a permis par exemple à la fin de l’année dernière de remporter en Belgique un litige contre le fabricant de montres Ice Watch, dont les boîtes d’emballage ressemblaient trop à son goût à des briques Lego. Lego est également très agressif sur le terrain des noms de domaine et ses juristes font la chasse aux sites qui comporteraient son nom dans leurs adresses.

Lorsque Lego veut s’en prendre à un site Internet qu’il désire faire fermer, on se rend compte qu’il dispose de tout un arsenal juridique assez redoutable pour parvenir à ses fins. Dans cet exemple, impliquant le site Lord of the brick, on voit qu’il met par exemple en avant un droit d’auteur sur les photos de ses produits, le droit à l’usage de son logo ou encore même le droit d’écrire le mot LEGO, qu’il peut restreindre en se servant du droit des marques !

Cette débauche de moyens en justice peut d’ailleurs parfois friser la censure, comme dans cette affaire en 2006 où Lego avait essayé d’agir contre une affiche de l’ONU, utilisant l’image d’une brique dans une campagne contre le racisme…

Lego, remix et Open Source

Mais Lego ne se situe pas toujours du côté obscur de la force juridique et c’est ce qui est fascinant avec cette compagnie, notamment dans les rapports qu’elle entretient avec les pratiques amateurs et ses fans, qui sont souvent avides de réutiliser et de détourner l’image des Legos.

Les Legos, par leur modularité infinie, se prêtent en effet à merveille à de multiples pratiques numériques, comme le remix ou le mashup. La Toile regorge ainsi de Brickfilms, des films d’animation en stopmotion, souvent parodiques, qui rejouent à leur manière toutes les histoires, même les plus inattendues. Les briques Lego elles-mêmes font l’objet de multiples modifications et customisations, par des fans particulièrement actifs sur Internet et structurés en communautés. Ces pratiques ne sont d’ailleurs pas seulement le fait d’amateurs et il existe des professionnels de la modification des briques, qui font commerce de leurs talents.

Lego est bien conscient de l’importance de s’appuyer sur ces communautés pour développer son activité, bien que ces pratiques transformatives impliqueraient qu’il lâche aussi du lest quant au respect de ses droits de propriété intellectuelle. Cette tension se lit clairement entre les lignes de la “Charte de fair play” publiée sur le site de la firme, qui s’efforce de trouver un juste milieu entre lutte contre la contrefaçon et acceptation des pratiques amateurs. L’exercice s’avère compliqué et c’est surtout la défense de sa marque et de son logo qui ressort de la lecture de cette charte, même si Lego accepte par exemple la reprise de certains éléments, comme les instructions de montage et les photos figurant sur sa documentation et les emballages de ses produits.

Sur cette base, il est certain qu’un très grand nombre de sites internet ou de contenus produits par des utilisateurs pourraient être attaqués par Lego, mais bénéficient d’une tolérance relative… qui peut hélas cesser à tout moment, comme l’a montré cette affaire en 2009, où Lego s’appuya sur son copyright pour faire retirer une vidéo sur Youtube dans laquelle des figurines parodiaient le groupe Spinal Tap !

Pour autant, Lego a su également conduire des projets innovants, pour libérer certaines de ces productions ou tirer parti de la créativité de ses fans. La firme a par exemple choisi de ne pas poursuivre les hackeurs qui avaient réussi à craquer les programmes incorporés dans les processeurs de sa gamme de briques high-tech Mindstorms, développée en partenariat avec le MIT. Mieux encore, Lego a  accepté de placer plusieurs de ses logiciels en Open Source, pour permettre à la communauté de les faire évoluer.

Par ailleurs, Lego a décidé de s’associer à l’intelligence collective, en lançant le projet Cuusoo : une plateforme de crowdsourcing permettant à des utilisateurs de proposer de nouveaux modèles et de les faire évaluer par les internautes. Lorsqu’une proposition rassemble plus de 10 000 supporters (comme ce modèle inspiré de Minecraft), Lego lance sa réalisation et sa commercialisation, en reversant 1% des bénéfices à son concepteur.

Cette expérience participative est assez fascinante, mais juridiquement, Lego ne se départit guère de ses réflexes appropriatifs. Les conditions d’utilisation du site indiquent en effet que les personnes qui soumettent un projet sur la plateforme doivent : “conférer à Lego tous les droits pour pouvoir commercialiser leur idée“, ce qui implique notamment “un droit exclusif de construire, distribuer, mettre en marché et vendre votre idée“. Lego ne restreint pas cependant la possibilité pour le créateur de diffuser ailleurs et de partager son idée, que ce soit sur son site ou sur des profils personnels.

On aurait pu imaginer que Lego ait recours à des licences libres pour jouer la carte de l’Open Source, en plus de celle du Crowdsourcing, ce qui aurait été une manière plus équitable de s’appuyer sur l’intelligence collective de sa communauté. D’autres cas sont encore plus limites, comme celui de ce modèle de croiseur stellaire lancé par Lego l’an dernier, mais qui semble s’inspirer de la réalisation qu’un amateur avait diffusée sur le web.

En attendant le choc de l’impression 3D, le meilleur pour la fin…

Il n’en reste pas moins que les bouleversements les plus importants pour l’avenir des petites briques en plastique sont encore peut-être à venir, du côté notamment de l’impression 3D. Cette technologie qui permettra sans doute très vite à tout un chacun de produire des objets dans son salon peut en effet avoir un effet très corrosif pour les principes de la propriété intellectuelle et ce sera certainement tout particulièrement vrai pour des éléments aussi simples à modéliser que des Legos.

Cliquer ici pour voir la vidéo.


Il existe déjà d’incroyables imprimantes 3D, comme la MakerLegoBot, construites elles-même en Lego et capables d’assembler des briques, en suivant un modèle. On imagine très bien que d’autres imprimantes 3D pourront permettre un jour à quiconque de créer des briques en grand nombre, ce qui permettrait de se passer de la firme Lego et de tous ses clones. Or comme Lego n’a pas pu réussir à copyrighter ses briques, ni à les couvrir par le droit des marques, il lui sera sans doute très difficile d’empêcher des myriades de particuliers de devenir des concurrents en puissance…

En attendant que la brique fasse ainsi sa révolution de salon, j’ai gardé le meilleur de cette chronique juridique des Legos pour la fin. En effet, il s’avère qu’Ole Kirk Christiansen a admis lui-même qu’il n’avait pas inventé le concept des Legos, mais qu’il avait copié l’idée de l’inventeur britannique Hilary Page, développée durant la deuxième guerre mondiale. Le charpentier danois et son fils ont donc bâti leur empire en s’appropriant l’idée d’un autre, par le biais d’un brevet habilement déposé !

C’est peut-être à cause de cette supercherie originelle que Lego subit aujourd’hui une malédiction du copyright, qui lui fait peu à peu perdre le contrôle sur son produit. En tout cas, Torsten Geller, le président du concurrent Best-Lock que Lego a attaqué en justice la semaine dernière, a déclaré que c’est après avoir appris que la firme danoise avait “volé” l’idée des Legos qu’il a décidé de lancer sa propre affaire :

Ils m’ont menti alors que j’étais enfant. C’est pour cela que j’ai lancé cette affaire. C’est une vengeance personnelle.


Ilustration chronique du copyright par Marion Boucharlat pour Owni
Photos de légo sous licence Creative Commons par Icedsoulphototography ; Kalxanderson ; Pasukaru76 ; Tim ; Leg0fenris

]]>
http://owni.fr/2012/02/08/lego-joue-la-guerre-des-clones/feed/ 18
Les chinoiseries des fabricants de jouets http://owni.fr/2011/12/19/les-chinoiseries-des-fabricants-de-jouets/ http://owni.fr/2011/12/19/les-chinoiseries-des-fabricants-de-jouets/#comments Mon, 19 Dec 2011 11:27:18 +0000 Fabien Soyez http://owni.fr/?p=90897

Comme Mattel, la Walt Disney Company (WDC) a recours à des sous-traitants pour fabriquer les jouets à l’effigie de Mickey. Et dans pareil cas, Disney délègue sa responsabilité sociale à ses sous-traitants. Ceux-ci doivent s’engager à faire respecter, dans les usines qu’ils démarchent, un code de conduite propre à la WDC, intégré dans les contrats de licence et d’approvisionnement passés par le groupe.

Mattel et Disney fêtent Noël en Chine

Mattel et Disney fêtent Noël en Chine

Salaires de misère, amendes punitives, quatorze heures de travail par jour, six jours par semaine. Discrimination et ...


Ainsi, les fabricants “n’utiliseront pas” le travail infantile, le travail involontaire ou forcé, “traiteront chaque salarié avec dignité et respect”, “offriront un lieu de travail salubre et non-dangereux”, respecteront “au minimum” les lois en vigueur concernant les salaires et la durée du temps de travail, et ils respecteront le “droit des salariés à s’associer et à négocier collectivement”. Disney est associée à lInternational Council of Toy Industries (ICTI), mais possède sa propre équipe dédiée, The International Labor Standard (ILS), une équipe de juristes qui assure avoir commandité plusieurs milliers d’audits “maison” chez les fournisseurs de l’entreprise.

Chez Disney, on minimise : “Dans ces usines (Hung Hing et Sturdy Products), nos produits ne représentent que 5% de la production. Nous ne sommes pas les seuls clients de ces fournisseurs.” Et d’ajouter, agacés : “Comme par hasard, ces enquêtes sortent à la veille de Noël, elles ont été faites pendant la pleine saison… Je serais curieuse de voir la même étude pendant la période creuse. Mais nous ne cherchons pas d’excuse, bien sûr.’”

Depuis 2005, l’ONG Students & Scholars Against Corporate Misbehaviour (Sacom) a mené une dizaine d’enquêtes sur les usines sous-traitantes de Disney. “Nos rapports prouvent que les audits de Disney sont tout aussi inefficaces que ceux de l’ICTI”, affirme Debby Chan. A l’association Peuples Solidaires, Fanny Gallois s’interroge :

Comment nous faire croire que Disney arrive à faire respecter son code de conduite à des détenteurs de licence que l’entreprise connaît à peine ? Avec son système de licences, Disney sous-traite tellement qu’il n’est plus capable de remonter la chaîne d’approvisionnement, et de la maitriser.

Fanny Gallois décrit le système : “quand un scandale éclate, comme ici avec On Tay Toys ou Sturdy Products, Disney doit d’abord retrouver le nom du sous-traitant avant celui de l’usine, car elle ne possède pas la liste des usines.” Nathalie Dray, directrice de la communication corporate pour Walt Disney France, reconnaît :

C’est très compliqué de contrôler à 100% notre chaîne de production, il faut que les détenteurs de licence jouent le jeu. Mais on essaie de faire au mieux et on les pousse à mettre les usines en conformité.

Code de conduite

Grand classique de la communication de crise, les différents géants du jouet interrogés répondent tous peu ou prou la même chose : “Nous prenons le cas de ces usines très au sérieux”, lancent en chœur Disney et Mattel, qui précisent avoir demandé à leurs sous-traitants de “vérifier” les informations de la Sacom, avant de “prendre des mesures”.

Sur le site de On Tai Toys, les ouvriers fabriquent également les fameux Lego Books, des livres illustrés sur l’univers des briques à plot. Ces Lego Books sont distribués depuis douze ans pour Lego par un détenteur de licence, Dorling Kindersley (DK). Une bonne excuse pour Lego, qui minimise : “Nous avons demandé à DK de faire une enquête sur On Tai Toys. Par ailleurs, nous ne produisons que 10% de nos briques en Chine, dans des usines en relation très étroite avec nous. Ces usines et celles utilisées par nos détenteurs de licence sont régulièrement contrôlées par des cabinets d’audit accrédités par l’ICTI. Nous prenons tout cela très au sérieux et en cas de violation de notre code de conduite, nous pouvons aller jusqu’à la rupture des relations commerciales avec les usines concernées, mais en tout dernier recours“, explique Charlotte Simonsen, porte-parole du groupe danois.

Mattel, qui se contente de fournir aux journalistes ses statements et refuse “les interviews one to one”, rappelle que “depuis plus de 15 ans“, l’entreprise utilise un système de contrôle indépendant dans ses usines, avec un code de conduite “des plus exigeants”, et collabore activement avec l’ICTI “pour améliorer sans cesse les conditions de travail dans les usines.”

Tout va bien dans le meilleur des mondes. Après avoir “mené sa propre enquête”, Mattel considère le suicide de l’ouvrière de l’usine Sturdy Products Nianzhen Hu, comme un “incident tragique, mais isolé.” Et de préciser que “l’audit n’a trouvé aucune preuve de dépassement d’horaires imposés”, et que les ouvriers ayant dépassé la limite d’heures supplémentaires durant l’été “pouvaient refuser de les effectuer”.

Solution de survie

À la Sacom, Debby Chan demande aux géants du jouet de “prendre leurs responsabilités, et de ne plus lancer de promesses en l’air après chaque scandale : c’est à eux de changer leurs pratiques d’achat, la pression que Disney ou Mattel exercent sur les fournisseurs pour obtenir des prix toujours plus bas, les pousse à violer les lois du travail.” Les multinationales, exigeant des producteurs des délais de livraison “de plus en plus courts”, inciteraient les usines à fabriquer vite, quitte à ne pas respecter les codes de conduites.

“Les sous-traitants ont le couteau sous la gorge, exploiter les ouvriers devient presque pour eux une solution de survie !”, lance Marie-Claude Hessler, qui demande aux multinationales d’augmenter le prix à la commande, pour “permettre aux fournisseurs de payer un salaire décent aux ouvriers.” A Disney, on répond tout de go : “Nous ne sommes pas des donneurs d’ordres, ce sont nos licenciés qui passent les commandes, et nous on ne va pas leur imposer quoi que ce soit.” Qui sont ces détenteurs de licence ? “Nous ne révélerons pas la liste de nos sous-traitants, de nos fournisseurs et de nos licenciés“, répondent Disney et Mattel. À la Sacom, Debby Chan soupire :

Les géants du jouet ne jouent pas le jeu. S’ils rendaient publiques les listes de leurs fournisseurs, comme Nike, Adidas ou Puma l’ont fait avant elles, les organisations civiles pourraient au moins renforcer leur surveillance et pousser les usines à adopter une meilleure conduite.

Pour le moment, parmi les géants du jouet, seul l’éditeur du Monopoly, Hasbro, publie sur son site internet la liste de ses fournisseurs en Chine. Des usines situées sans surprise autour de Shenzhen et de Dongguan.

Ce que les ONG réclament, c’est aussi une “nouvelle organisation”, autre que l’ICTI, qui travaillerait en étroite collaboration avec les fournisseurs et les associations, pour pousser le gouvernement chinois et les usines à garantir aux ouvriers une “réelle liberté syndicale”. En Chine, pays qui n’a pas adhéré aux normes fondamentales de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) sur la liberté d’association et de négociation collective, le système est celui du syndicat unique. “Les syndicats qui existent dans les usines sont assujettis au syndicat unique, qui est lui même soumis à l’État et au parti communiste”, explique Anthony Jin, qui a dirigé une entreprise en Chine pendant cinq ans.

La Fédération syndicale de Chine (ACFTU) donne une illusion de liberté syndicale, mais en réalité c’est une façade. L’ACFTU est le syndicat des patrons, il fait le lien entre les ouvriers et la direction, mais il ne permet pas aux ouvriers de défendre leurs droits, qui ne peuvent pas former eux mêmes le syndicat de leur choix.

D’après Anthony Jin, “le gouvernement chinois a peur des revendications collectives, il se souvient de l’URSS et de Solidarnosc.” Pour Debby Chan, de la Sacom, il revient aux multinationales comme Mattel ou Disney de faire pression sur le gouvernement chinois. A Disney, Nathalie Dray constate : “Isolément, nous n’avons pas de poids, pour faire changer les choses au niveau du gouvernement chinois, nous ne pouvons nous reposer que sur l’ICTI, c’est au travers de la Fédération que nous pourrons négocier.”

D’ici là, la Sacom, qui ne fait “aucunement confiance en l’ICTI” et demande donc la création d’une nouvelle Fédération, propose une alternative : la mise en place dans les usines de “comités d’ouvriers”, qui ne sont pas mentionnés dans la loi chinoise. “C’est une zone grise, ces comités peuvent donc être créés, en théorie.” Dans deux usines sous-traitantes de Disney, “les ouvriers ont pu élire des représentants, grâce à la pression de Disney. Il ne s’agit pas de vrais syndicats, mais c’est déjà un progrès”, lance Debby Chan.


Photos sous licences Creative Commons via Flickr : source

]]>
http://owni.fr/2011/12/19/les-chinoiseries-des-fabricants-de-jouets/feed/ 9
VENDREDI C’EST GRAPHISM S02E43 http://owni.fr/2011/11/25/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e43/ http://owni.fr/2011/11/25/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e43/#comments Fri, 25 Nov 2011 10:11:07 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=88094

Bonjour et bienvenue à bord de notre “Vendredi c’est Graphism”, veuillez regagner votre siège, PNC aux portes, armement des toboggans, nous avons cette semaine un plan de vol très graphique. Tout d’abord, on décolle en douceur avec la transformation graphique d’un évènement à OccupyWallstreet, on passe par dessus les nuages avec un magicien du numérique, une fois en vol je vous invite à regarder les outils qu’utilisent les designers et on amorcera notre descente avec un renard, une fille, Frankenstein pour atterrir sur un WTF à base de Lego hardcore !

Vous y êtes, c’est vendredi et c’est Graphism !

Geoffrey

On commence la semaine avec un “évènement” qui a eu lieu vendredi dernier. Des étudiants protestataires et non-violents qui soutiennent le fameux mouvement Occupy Wall Street à New-York ont été arrêtés par la Police et se sont  littéralement fait “gazés” par un policier (le désormais célèbre lieutenant John Pike) alors qu’ils étaient sagement assis par terre. Comme d’habitude, des vidéos ont été tournées sur place et décrivent la scène. John Pike marche jusqu’aux manifestants, tire sa bombe au poivre de sa ceinture, puis les arroser de très très près.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La vidéo a énormément circulé et, petit à petit, ce policier et son geste sont devenus une sorte “running gag”, autrement appelé mème . Des dizaines d’images ont donc été diffusées et ont circulé partout sur le web. Même si l’acte est choquant, ces images sont drôles, portent parfois un message et jouent sur le côté décalé afin d’être diffusées. L’acte est donc de dénoncer, mais pas frontalement en disant “regardez, c’est mal!”, mais plutôt d’une façon biaisée, drôle, virale. Et qui correspond parfaitement au web.

source

On s’échappe des traitements policiers pour rejoindre la magie de la scène avec ce bien drôle de magicien ! Moulla, c’est son nom, est un jeune magicien qui utilise une vidéo projection classique et un Microsoft Kinect pour réaliser des tours de “magie augmentée”. Vous allez le voir, il mêle habilement la réalité augmentée à la magie lors de cette présentation faite à la cérémonie d’ouverture de l’Imagine Cup Kick off chez Microsoft France.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

Toujours cette semaine, j’ai découvert via Bestvendor (un site web qui aide les travailleurs à trouver des applications sur les recommandations du même corps de métier), une infographie plutôt intéressante et assez représentative des métiers de la création. Après avoir demandé à 180 designers et professionnels de la création leurs outils favoris, les équipes de Bestvendor ont trié puis compilé leurs réponses pour nous offrir cette grande image plutôt parlante. Si les designers ont l’habitude d’utiliser Google Docs, Drop Box et Adobe Photoshop, on remarquera également que nombre d’entre eux utilisent Omnigraffle, Evernote ou encore la monté de services comme “What the font“, ou “Dropmark“. À voir maintenant si vous vous reconnaissez dans certains de ces usages !

source

On poursuit notre revue de la semaine, avec une vidéo au pinceau… et quelle vidéo ! Pour promouvoir le projet de livre intitulé “Pincel de Zorro” publié par les éditions Ondina, Hug Codinach, Meritxell Ribas (illustrations) et Albert Alay (musique) ont conçu cette animation d’une rare poésie. En effet, ce conte illustré de l’écrivain espagnol Sergio A. Sierra nous raconte une histoire fantaisiste qui se passe au Japon, en septembre. Plein de tendresse, de magie et de tristesse, l’histoire est également racontée par des illustrations faites à la carte à gratter.

Pour les curieux, l’histoire est celle de Shiori, une petite fille dont la vie va changer le soir où son père ramène à la maison un renard mort qu’il a chassé. Quand ses parents décident de vendre la précieuse peau de l’animal, ils reçoivent la visite d’une femme très mystérieuse…

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

Que faire si vous collectiez 64076 55382 polices d’écriture téléchargées sur internet dans des PDF ? Oui, c’est LA question de la semaine à laquelle le designer Mary Shelley a trouvé la réponse : Remplir un livre avec 342 889 lettres différentes ! Oui ça paraît évident comme ça… mais pour faire un livre sur quoi ? Sur une édition de Frankenstein pardi ! Frankenstein, or the modern Prometheus est une version moderne de Frankenstein écrite par Mary Shelley. À l’aide de caractères et de glyphes (obtenus de façon plus ou moins légale dans des PDF ), chaque lettre est utilisée et triée puis remplacée par la même lettre dans une autre typo en fonction de sa fréquence d’utilisation. Les polices les plus communes sont utilisées au début du livre, puis, petit à petit la mutation se fait, le charme opère et le livre prend vie !

frank Que faire avec 64076 55382 polices ? Un livre sur Frankenstein bien sûr !

source

Le WTF de la semaine est placé sous le signe du Lego ! Qui a dit que le Lego était has-been, hipster ou geek ? Non, rien de tout cela, le Lego c’est punk, c’est hardcore, c’est violent !  Hell yeah !

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Vendredi c’est Graphism, c’est terminé pour aujourd’hui, j’en profite donc pour vous remercier de votre attention, vous pouvez détacher votre ceinture et regagner une vie normale. Et si vous en voulez encore, vous pouvez aller jeter un œil à PictoPlasma à la Gaîté Lyrique à Paris ou encore à l’exposition sur Roger Excoffon à Lyon ! Sinon, si vous aimez les robots et la bande dessinée, ce dernier billet de Marion Montaigne m’a beaucoup fait rire !

Bon week-end,

et… à la semaine prochaine !

Geoffrey

]]>
http://owni.fr/2011/11/25/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e43/feed/ 7
LEGO : la tête jaune se met au vert http://owni.fr/2010/10/30/lego-la-tete-jaune-se-met-au-vert/ http://owni.fr/2010/10/30/lego-la-tete-jaune-se-met-au-vert/#comments Sat, 30 Oct 2010 09:05:52 +0000 Philippe Gargov http://owni.fr/?p=33148 Il aura donc fallu attendre l’été 2010 pour que l’une de mégalopoles les plus influentes du globe se décide enfin à se doter d’un système de mobilités durables digne de ce nom. De quelle ville parle-t-on ? Mais de LEGO City, bien sûr !

Car la capitale mondiale des bonshommes à tête jaune était jusque là doté d’un système de transports en commun que l’on qualifiera, pour être poli, d’assez sommaire – malgré un réseau ferroviaire relativement correct, toutefois principalement exploité par le fret. Il suffit de jeter un œil aux précédentes versions de LEGO City (dans la Bible qu’est le LEGO Collector, par exemple) pour mesurer l’omniprésence de la voiture individuelle dans l’écosystème de mobilité de la ville. Quelques vélos viendront évidemment donner à ces images ce petit air « so danish » qui fait le charme des LEGO, mais le fait est là : LEGO City, officiellement fondée en 1978, est un pur produit de notre fin de siècle, dévouée aux vroum-vroums vrombissants. A jamais ? Rien n’est moins sûr. Il y a un peu moins d’un an, j’écrivais justement :

« L’imaginaire urbain des Lego est paradoxal. Malgré ses origines danoises, le durable occupe une part encore limitée des constructions, où les voitures individuelles restent la norme. Mais qui sait, peut-être LEGO City fermera-t-elle un jour son centre-ville aux automobiles ! »

Six mois plus tard, et le dieu des briques entendait mon appel. Car LEGO City n’est pas du genre à se morfondre dans un modèle de développement obsolète. La ville a de l’ambition, et de l’énergie à revendre – éolienne depuis 2009, soit-dit en passant

Et quand il s’agit de passer d’un modèle automobile à un autre gouverné par les transports en commun, elle prend conseil chez les meilleurs. Après des débuts timides (le premier bus date de l’été 2009 !), la ville plongeait cet été dans le grand bain en inaugurant sa première gare intermodale.

Force est de constater que la municipalité a bien fait les choses : la gare optimise les liaisons intermodales entre tramway, bus, vélo (des bike-racks sont prévus, afin d’accueillir comme il se doit un vélo repeint en vert pour l’occasion), marche et voiture individuelle (« de sport », évidemment, on ne se refait pas). Notez au passage qu’aucune photo « officielle » n’est dédiée à cette dernière… Il y a des signes qui ne trompent pas !

Le vent du changement souffle sur LEGO City, et cela n’a évidemment rien d’anodin. La ville LEGO, comme bien d’autres éléments de la pop-culture contemporaine (cinéma et séries télé, jeux vidéo, etc.) est un formidable miroir des modèles dominants de nos sociétés. Hier l’automobile, aujourd’hui l’intermodalité. Profitons-en. Car comme l’expliquait récemment The City Fix dans un excellent post sur lequel je reviendrais très bientôt (c’est un peu la vocation de pop-up urbain) :

« a shift in the way movies and pop culture depict car-light, transit-oriented and walkable lifestyles may help enshrine the need for mass transit and non-motorized infrastructure in the people and policymakers of the developing world. »

que l’on pourrait résumer ainsi :

« And where pop culture goes, we can hope, so will the masses. »

Petite anecdote : Octan (la compagnie pétrolière de LEGOLand) n’apparaît nulle part, alors qu’on aurait pu penser la voir investir ce domaine voué à supplanter son cœur de métier, comme elle l’avait fait avec l’éolien. Faut-il y voir le signe d’un nouveau jeu d’acteurs ? ;-)

>> Deux premières images CC FlickR : Roberto Bouza et kennymatic et dernière © Lego

>> Article initialement publié sur pop-up urbain

]]>
http://owni.fr/2010/10/30/lego-la-tete-jaune-se-met-au-vert/feed/ 1
Vendredi c’est Graphism ! S01E07 http://owni.fr/2010/09/24/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s01e07/ http://owni.fr/2010/09/24/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s01e07/#comments Fri, 24 Sep 2010 06:30:25 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=29117 Ça y est, le vendredi tant attendu est arrivé et pour nous récompenser de notre semaine de travail (ou pour le jeudi de grève ;-) ) je vous propose comme chaque semaine, Vendredi c’est Graphism, l’actualité vue sous un œil graphique, typographique et design.  Cette semaine sera donc consacrée à la typographie et l’artisanat avec David A. Smith, mais également à Apple et son logo qui s’épure. On ira également gratter le ciel avec Fabiano Busdraghi puis faire un tour à Londres avec des Legos. On finira sur le site de l’exposition Monet et un bon WTF comme on les aime ;-)

On commence donc notre revue de la semaine avec David A. Smith qui est un personnage unique de par son talent et sa passion. Ce petit documentaire réalisé par Danny Coke présente le travail de David A. Smith qui réalise à la main et avec des machines assez impressionnantes (comme cette imprimante sur verre) des enseignes en tout genre. Pour cela, il utilise de la dorure, des miroirs, du verre et de bien beaux caractères typographiques. On pourra ainsi admirer sa technique et sa vision de l’artisanat au Royaume-Uni. Je doute qu’une telle qualité puisse être atteindre autrement que de façon artisanale :-)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

David A Smith | filmé par Danny Cooke

source

On enchaîne ensuite avec quelques images dénichées sur le blog Scoopertino. Voici ce que pourrait être une diminution ou une évolution graphique du logo d’Apple. Si vous ne connaissez pas « Scoopertino », ce blog est un blog satirique sur ce qui se passe à Cupertino, et plus précisément, au siège d’Apple dans la Silicon Valley. Cette idée de logo est donc humoristique et décalée mais prenons le temps de l’observer quand même.

Cela fait de nombreuses années qu’Apple utilise le même logo, une pomme avec une feuille. Heureusement, Miyoko Yamada, un des rédacteurs de Scoopertino, propose du changement dans tout ça. Il a imaginé que Jony Ive (le monsieur design de chez Apple), décide d’épurer encore plus le logo pour être dans la tendance minimaliste de l’iPad & du dernier iPhone. On appréciera ainsi la tirade de Miyoko Yamada relatant avec humour « L’ancien logo était beaucoup trop compliqué… la feuille, la pomme, la pomme, la feuille… l’œil ne savait jamais où regarder ».

Sans titre 1 Un aperçu du (peut être) prochain logo dApple !

1381241217 Un aperçu du (peut être) prochain logo dApple !

5908646189 Un aperçu du (peut être) prochain logo dApple !

Une petit blague qui ferait également passer le slogan d’Apple de « Think different » à « Think dif™ »

source

Voici une série de photographies grand format (jusqu’à 10 mètres de large) de bâtiments dont les fenêtres deviennent un élément qui se répète à l’infini. Ce projet réalisé par Fabiano Busdraghi, il nous plonge dans une construction virtuelle de bâtiments qui n’existent pas dans le monde réel. On se retrouve ainsi avec des palais immenses, comme des tours de Babel, avec des milliers, parfois des dizaines de milliers de fenêtres. Pour information, l’artiste prend en photo les fenêtres des bâtiments une par une puis réalise son montage sur ordinateur, créant ainsi un gigantesque collage.

source

Allez, une petite vidéo qui a quelques mois déjà mais que j’ai eu le plaisir de recevoir par Anthony, lecteur de “Vendredi c’est Graphism” (première contribution!). Cette vidéo réalisée pour Lego et faite par Doran Temujin utilise des pièces de Legos pour représenter ce qui fait le charme de Londres. On se retrouve ainsi avec de belles et simples reproductions de boîtes aux lettres rouges, de bancs, de voitures, etc.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

Le site de la semaine est tout simplement superbe. Réalisé tout en flash, ce site conçu pour l’exposition Monet au Grand Palais à Paris a été créé par l’agence Les 84. On y découvre ainsi un subtil mélange entre design, peinture, navigation, contenu, le tout de façon très poétique.

4631069554 Monet, le fabuleux site de la nuit...

6285370762 Monet, le fabuleux site de la nuit...

9608493651 Monet, le fabuleux site de la nuit...

7468396832 Monet, le fabuleux site de la nuit...

Et pour finir cette semaine de graphisme et de design, voici une vidéo très WTF et expérimentale. Intitulée “FREE DILDA”, cette vidéo me fait quand même un peu penser que sans Internet, nous n’aurions jamais eu la chance de voir tout ceci !

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

Et pour finir ce numéro de “Vendredi c’est Graphism”, je voulais vous dire un petit merci d’être toujours nombreux et vous inviter à m’envoyer un mail ou me twitter vos actus design, graphiques, vos films ou vos projets mais aussi vos WTF graphiques, vos idées, etc. ce sera avec plaisir :-) À la semaine prochaine et bon week-end !

]]>
http://owni.fr/2010/09/24/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s01e07/feed/ 1
Vendredi c’est Graphism ! S01E03 http://owni.fr/2010/08/27/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s01e03/ http://owni.fr/2010/08/27/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s01e03/#comments Fri, 27 Aug 2010 06:15:09 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=26136 Hello toutes et tous,

Ici Geoffrey, toujours aux manettes de “Vendredi c’est Graphism” pour vous offrir une sélection de l’actualité graphique de la semaine. Au programme, on parlera œuvres en pixels, tarifs et coûts des identités visuelles des grandes marques, on pourra aussi apprécier une belle interface signée Microsoft ou encore une vidéo pleine d’émotions… :-)

Je vous présente tout d’abord, une sélection d’œuvres toutes en pixels réalisées par Max Capacity. Ces paysages urbains mais reposants sont très travaillé s et aucun détail n’est négligé. Pour les fans de Sim City 2000, cela vous rappellera certainement de bons souvenirs ;-). On appréciera également le choix des ambiances, tantôt de nuit, tantôt à l’aube, l’artiste a su reproduire avec talent l’impression d’une ville, et ce rien qu’avec quelques pixels.

On enchaine ensuite avec une actualité qui a fait pas mal de bruit, notamment auprès des graphistes indépendants, il s’agit du tarif enfin dévoilé de certaines identités visuelles, notamment de Pepsi, de Anz, de BBC One, ou encore de London 2012. On connaissait certaines grilles de tarifs des graphistes indépendants, on connaissait également les prix en terme d’identité visuelle ou de création d’images… Mais cette fois-ci on découvre que des identités visuelles parfois ratées ou maladroites coûtent malgré tout des sommes plutôt élevées.

Voici donc quelques exemples de rebranding (retravail d’un logo) et de création de logo avec leur tarif :

2468892819 Le design a un coût, voici quelques exemples pour des logos

8472516694 Le design a un coût, voici quelques exemples pour des logos

Côté design numérique, cette vidéo diffusée il y a quelques jours présente des exemples des gestes employés pour commander des robots en utilisant la table Surface et des robots de chez Microsoft. Ce projet développé par Marquez Micire de chez UMass Lowell est assez impressionnant d’ingéniosité. On y voit une petite troupe de robots manipulés par une interface vraiment simple et efficace. Il est ainsi possible d’interagir avec ces robots en tapotant, en touchant, en traçant des parcours, le tout de façon très intuitive. On peut se demander par contre le but de cette interface car qui dit robots & troupes peut parfois signifier champ de bataille…

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Après les robots, on respire un peu avec des choses plus humaines, plus sensibles avec une très belle vidéo qui a refait surface cette semaine. Intitulée “Moments”, ce petit film est un instant de poésie réalisé par “Everynone“. Le concept derrière cette vidéo est que chaque moment de la vie n’est pas toujours exceptionnel mais qu’il est nécessaire et donc parfois vraiment beau.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Pour les amoureux du constructivisme russe et des legos voici un travail graphique très intéressant réalisé par Chris New. Le style et les photos sont assez imposantes et trouvent une seconde dimension avec le reflet de chacune des constructions. Certaines constructions me font penser un peu à Star Wars, pas vous ?

On termine la semaine avec une vidéo WTF pas du tout graphique, et pourtant, quand on ne sait pas quoi faire avec sa moissonneuse batteuse, rien de mieux que de se prendre pour un ballot de paille :)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Allez, sur ce bon week-end et soyez sage ! :-)

]]>
http://owni.fr/2010/08/27/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s01e03/feed/ 5
Legos et des couleurs http://owni.fr/2010/06/22/legos-afol-de-7-a-77-ans/ http://owni.fr/2010/06/22/legos-afol-de-7-a-77-ans/#comments Tue, 22 Jun 2010 08:51:39 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=16875

Quinze ans que je n’y avais pas touché. Peur du regard des autres, le jugement de la famille, des amis, franchement à ton âge, ma chérie, à quoi ça te sert de faire des études pour retomber si bas… Tu es déprimée ? Et puis je suis arrivée chez OWNI, ils se sont ligués pour me faire retomber, en me tentant à coup de liens affriolants. Alors j’ai craqué, je suis allée me fournir. OSEF les rires moqueurs, je ne suis pas seule : les AFOL (Adult Fans Of LEGO) sont parmi vous, pour le plus grand bénéfice de LEGO. Au bord de la faillite dans les années 90, pas très fraiche au début des années 2000, la marque a su se reconstruire, entre autres en s’adressant au public des adultes, et en gérant cette communauté de façon particulièrement intelligente. Le modèle danois a encore frappé…

Petit come-back. LEGO à la base, c’est le jouet familial par excellence, celui qu’on offre à son petit neveu. Contrairement à Tintin, passé l’âge de 12 ans, c’était franchement craignos d’y jouer, genre “faudrait passer au stade suivant, tu as du poil aux pattes maintenant.” Il y a bien la gamme LEGO TECHNIC qui est lancée en 1977, mais son cœur de cible, ce sont les (pré)ados.

Quand AFOL content, lui toujours faire ainsi. En l'occurrence, deux adeptes de Mindstorm.

Le premier vrai contact avec les adultes a lieu en 1999. La marque s’aperçoit que des personnes ont hackés Mindstorm, une gamme créée l’année précédente, permettant de construire et de programmer des robots, ce qui plait bien aux geeks. Nos hackers ont écrit à ce sujet et la compagnie, au lieu de piailler au piratage, entre en contact avec eux et entame le dialogue. La même année, tiens, tiens la fonction de responsable du community engagement est créée. La fin des années, 90, c’est aussi le début de l’essor du web grand public, les AFOL éparpillés, isolés, se mettent alors à communiquer entre eux. Et tout le reste n’est que dévolution bien encadrée.

Avant de caresser LEGO dans le sens du poil, entendons-nous sur ce que le terme “marque” signifie. Le copyright n’est pas une notion qui lui est inconnue, ce ne sont pas non plus des Bisounours, loin de là, elle a déjà intenté des procès pour le protéger. Là où LEGO se montre futé, c’est en laissant une grande liberté à sa communauté dans l’usage qui est fait de ses produits et en l’associant à son développement. Une vision au fond parfaitement pragmatique : “Nous n’avons pas eu de stratégie pour attirer les adultes, mais plutôt pour tisser du lien, explique Tormod Askildsen, en charge du community engagement et de la communication. On s’accompagne, on organise des évènements, on prends du feed-back. Nous ne pouvons pas contrôler nos fans, ils créent ce qu’ils veulent créer. La marque vit dans l’esprit des consommateurs. Si elle ne vit pas là, elle n’est nulle part. C’est un écosystème réunissant le groupe et les consommateurs.”

Et tant pis si ça donne parfois des films pornos. Plus clean, Bricks in motion, The Brick Testament, Balakov… contribuent gracieusement à faire la publicité de la marque. Sans pour autant les soutenir officiellement, comme nous l’expliquait Brendan Powell Smith : sa Bible en LEGO contient un peu de sexe et de la violence, toutes notions que la marque ne peut, image oblige, cautionner officiellement, mais elle ne va pas non plus lui chercher des poux.

Quarante ambassadeurs dans vingt-deux pays

Concrètement, un système d’ambassadeurs a aussi été mis en place. Au nombre de quarante, répartis dans vingt-deux pays, ces bénévoles élus -admirons au passage ce subtil moyen d’optimiser ses RH-, servent d’interface entre la base et l’entreprise. “Nous nous réunissons avec eux en juin, pour discuter, échanger, voire leur présenter des projets top secrets. Nous leur partageons des informations confidentielles ou nous les intégrons au process de développement”, détaille Tormod Askildsen. Une charge chronophage, ce qui explique que la France n’est pas d’ambassadeur actuellement : trop de travail, il a démissionné !

Ceci est un homme en LEGO tenant un stylo. Oeuvre de Nathan Sawaya.

Autres ambassadeurs de choix, des artistes. Pour le coup, certains sont associés officiellement à la marque, par exemple Nathan Sawaya. “The Brick ArtistTM, comme il se présente, fait des sculptures en LEGO (voir ci-contre).

En revanche, la marque n’a pas de page Facebook officielle, comme s’en explique Tormod Askildsen : “Facebook n’est qu’une plateforme. Avoir une stratégie social media, c’est utiliser les technologies pour construire des relations. Pleins de plateformes font ça. Facebook développe son propre business model et nous interrogeons sur l’opportunité de créer d’une page.” Par contre, ils utilisent une plateforme en ligne pour communiquer et des pages produits.

Les pages non-officielles ne sont pas dédaignées. Récemment, l’administrateur de la page “Pour tous ceux qui ont connu la douleur en marchant sur un LEGO!” -378 000 likes et autant de martyrs de la brique ?- leur a écrit pour qu’ils fassent des excuses officielles. Et bien ils ont répondu avec humour :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Toujours au rayon “sollicitons notre communauté”, la marque s’est engagé dans un processus de co-création à base de crowdsourcing. Ils ont par exemple lancé LEGO Click, un site communautaire innovant rassemblant designers, artistes et créatifs où ils font part de leurs idées liées au jouet. Le tout relayé par Twitter (via le hashtag #legoclick), Facebook, Flickr et YouTube. Reste tout de même à faire le tri dans toute cette production.

Recours à la co-création

Dans le même esprit, les membres de LUP’s (LEGO Universe partners, “partenaire”, avec tout ce que cela sous-entend de communication horizontale-) travaillent avec le staff pro pour construire les contenus de LEGO Universe, un MMO ( Massively Multiplayer Online game). Un comité réduit de représentants était présent au Consumer Electronics Show (CES) 2010, le grand raout de Las Vegas consacré à l’informatique et à l’électronique grand public, au cours duquel une bande-annonce a été dévoilée. Ils ont causé co-création et fait des démonstrations d’outils de construction.

En revanche, elle ne développe en revanche pas énormément de produits spécifiquement pour cette cible. Hormis la gamme Mindstorm -quoique, officiellement, c’est pour les plus de 10 ans, tendance Sheldon, le geek de The Big Band theory-, on trouve quelques produits collector coûteux mais cela reste marginal.

Si l’écosystème ainsi bâti leur dit d’aller voir du côté des personnes âgées, un bon plan vu le vieillissement du marché européen, et bien ils semblent prêts à y aller : “Nous ne passons pas d’une marque pour enfants à une marque pour adulte, nous accompagnons tout au long de la vie. Il n’y a pas de raison pour s’arrêter de jouer avec des LEGO à 12 ans. Il existe plein de choses à faire pour les ados ou même les retraités, il existe des opportunités créatives à tout âge.” Mémé, tu avais déjà la Wii, prépare-toi à jouer avec des Duplo Senior. Même si tu as de l’arthrose, tu verras tu vas t’éclater et c’est super pour lutter contre Alzheimer les jeux de construction.

À lire : social media case study : LEGO CLICK ; photo CC Flickr Toms Bauģis Tony the Misfit

Gratitude envers NKB pour son support linguistique.

Disclosure : je n’ai pas reçu la moindre brique pour l’écriture de cet article tout à la gloire du community management de LEGO.

]]>
http://owni.fr/2010/06/22/legos-afol-de-7-a-77-ans/feed/ 3
The Brick Testament: la Bible pour les geeks (érudits) http://owni.fr/2010/06/22/brick-testament-la-bible-pour-les-geeks-erudits/ http://owni.fr/2010/06/22/brick-testament-la-bible-pour-les-geeks-erudits/#comments Tue, 22 Jun 2010 08:51:07 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=18502 Le LEGO tu idôlatreras, sinon en Enfer tu flamberas /-)

Le LEGO tu idôlatreras, sinon en enfer tu crameras /-) L'Evangile selon Saint AFOL

Lorsqu’on lui demande s’il revendique d’appartenir à la longue tradition de l’iconographie religieuse populaire, l’auteur de The Brick Testament, une version en LEGO de la Bible, Brendan Powell Smith, non seulement répond “oui“, mais il précise, très sérieux (enfin, on suppose, disons qu’il n’y avait pas de smiley dans le mail) :

Je m’attends vraiment à ce que mes illustrations en LEGO de la Bible soient un jour regardé avec la même considération que la Chapelle Sixtine ou le David de Michel-Ange ou la Cène de Leonard de Vinci.

Rien moins que ça. Gros prétentieux ? Ce n’est pas plutôt du côté des bibles pour enfants qu’il devrait aller voir ? Et bien oui et non.

Ludique, The Brick Testament est aussi le travail d’un fin connaisseur de la Bible. Il faut dire que le petit Brendan Powell Smith, aka the reverend, a eu l’occasion de potasser la Bible : fils d’un professeur de catéchisme épiscopal (l’église épiscopale est le nom de l’église anglicane aux États-Unis, ce qui suppose déjà de ses membres une meilleure connaissance des textes sacrés par rapport aux catholiques, ndlr), il découvre alors les grandes scènes, Adam et Ève, l’Arche de Noé…

Il opte à l’âge de 13 ans pour l’athéisme, ce qui le rendit “encore plus fasciné par la religion (puisque tant de personnes en apparence si raisonnables continuait de croire !)“. À tel point qu’il étudie la religion à la faculté et lit la Bible en entier, découvrant au passages “des épisodes moins connus mais tout aussi sensationnels”.

La Cène par Leonard de Vinci.

La Cène, par Leonard de Vinci

Même épisode, version brique.

Il Commence ce qui deviendra son grand œuvre en 2001, c’est alors juste “un idée parmi une série de projets bizarres et créatifs”. Sauf que le succès arrive vite, sans utiliser le moindre réseau social, juste par le biais du bon vieux mail.

Grand public lorsqu’il reprend les “classiques”, de la naissance de Jésus à sa crucifixion en passant par la Création ou bien encore Sodome et Gomorrhe, il se fait aussi plus savant. Pierre-Olivier Dittmar, médiéviste, ingénieur d’études l’EHESS-GAHOM, l’explique :

“Là où l’auteur se montre original, c’est qu’il illustre tous les versets de manière littérale, il est donc amené à représenter de nombreux versets qui ne l’ont jamais été dans la tradition chrétienne, car pour se distinguer de la tradition juive, celle-ci se base relativement peu sur l’Ancien Testament et se concentre plus sur le Nouveau Testament. Habituellement, on reprend une petite partie de la Bible, la Genèse, le Livre des Psaumes, le Nouveau Testament avec la vie de Jésus et un peu l’Apocalypse. (cf image)

Franchement, Le Lévitique, ça passe mieux en version "anachronisme" et avec des bulles ?

C’est ainsi qu’il a inclut le Lévitique, un ensemble de prescriptions et d’interdits aussi aride qu’un traité européen, justifiant son slogan : “The world’s largest, most comprehensive illustrated Bible.” Sauf que sa version est tout sauf ennuyeuse, si bien qu’elle donne envie de tourner les pages. Il a ainsi recours à l’anachronisme pour revivifier les passages les plus rébarbatifs. Accessible, de nouveau.

En revanche, cet athée porte un regard ironique sur la Bible qui le distingue de l’iconographie religieuse comme outil de prosélytisme. Le ver était dans la pomme (d’Adam) dès l’enfance. Alors que d’autres, au même âge, gobent sans sourciller ce qu’on leur raconte, lui doute déjà : “J’étais déjà suffisamment sceptique, pour questionner certaines contradictions, et le catéchisme m’a également montré que les professeurs n’ont pas toujours des réponses satisfaisantes.”

“Humour irrévérencieux” et sexe #pouah

Pas béni-oui-oui donc, sa Bible est au contraire empreinte d’”humour irrévérencieux”, pour reprendre ses termes. “Il interprète les textes de manière très littérale, explique Pierre-Olivier, les passages avec du sexe ou de la violence, par exemple, qui sont d’habitude traités de manière allégorique. Les bulles pointent également les contradiction internes du texte, avec ironie. À propos des animaux choisis pour rentrer dans l’arche de Noé, Dieu demande à ce dernier de sélectionner “sept pairs” d’animaux purs. Dans l’image, une bulle montre la surprise de Noé qui s’interroge intérieurement ‘Que ce passe-t-il ? Je croyais qu’il avait dit une paire !’ [ce qui est vrai : Gn 6.18-19] Ce type de commentaires indique au lecteur des contradictions bien présentes au sein du texte biblique.Et au passage, on note une incursion -récurrente dans The Brick Testament- dans la bande dessinée, art populaire par excellence qui a produit des chefs d’œuvres. 

Cet humour le rapproche des détournements de l’iconographie populaire religieuse, par la publicité par exemple. On pense à La Cène vue par les créateurs de prêt-à-porter Marithé et François Girbaud.

Sur la forme, on retrouve cette double caractéristique. Le LEGO, c’est bien entendu un médium mainstream, pour ne pas dire universel. Là où the reverend se distingue de l’AFOL de base, c’est dans sa maîtrise de la mise en scène. Chaque histoire lui prend une semaine de travail tant il soigne les détails. Sa technique n’est d’ailleurs pas sans rappeler le cinéma, qui a aussi connu son lot d’adaptation de la Bible plus ou moins grand public entre Les Dix commandements, L’Évangile selon Saint Mathieu ou encore La dernière tentation du Christ. “Il a inclut des logos selon le contenu de chaque scène, N (nudité), S (sexe) V (violence) C (cursing, juron, blasphème), comme si chacune était une scène de cinéma, note Pierre-Olivier. Il a une façon de jouer sur la profondeur de champs, il y en a très peu, et beaucoup de flou dans l’image.”

À contenu ambivalent, public divers

Porn ! (L’Ancien testament, Le Roi David)

La composition et la masse de son public reflète aussi la nature ambivalente de son œuvre. Pour le côté mainstream, un chiffre : 150.00 pages vues par mois actuellement. Et ça plait aux croyants moyens qui n’a pas forcément une appétence pour l’austère texte brut : “Si j’en juge les centaines d’e-mails que je reçois, la moitié viennent de croyants qui apprécie que je rende la Bible plus amusante et engageante. The Brick Testament est devenu très populaire dans les églises de par le monde, il est souvent utilisé au catéchisme et dans d’autres représentations religieuses éducatives.”

Humour et explicits contents lui valent de vertes critiques de la part de certains croyants. C’est ainsi que le numéro d’août de Bible review l’a nommé “gagnant du pire art biblique du Web” (flatteur, non ?), le Sunday Mail, un journal anglais, a jugé que ses peintures sans fard de sexe illicite étaient “populaire parmi les pédophiles” (il en faut pas beaucoup pour les exciter, les pédophiles, s’entend). Smith a aussi été stigmatisé par Thomas Carder, qui préside ChildCare Action project (Dieu devrait vouer à l’Enfer les auteurs de sites designés 80’s), une organisation chrétienne distribuant bons et mauvais points aux divertissements qui utilisent Sa Parole. Il a été accusé de frelater la signification des versets bibliques accompagnant chaque photo, que Smith dit avoir reformulé à partir de la Bible de la Nouvelle Jérusalem. “Ce que j’ai vu était une paraphrase des écritures, manifestement avec un manque de compréhension du Verbe  ou avec le désir de le rabaisser ou pour lui faire dire ce que cela ne dit pas. Il apparait qu’il a lu les paroles sans lire la Parole.”

Lui fait remarquer, plein de bon sens : “Il n’y a pas beaucoup de sexe dans la Bible, et quand il y en a, je n’hésite pas à le montrer. Je trouve étrange que personne n’objecte que je représente les contenus violents de la Bible, et la Bible est de loin le livre le plus violent que j’ai jamais lu. Je ne comprendrai jamais qu’un parent puisse s’inquiéter plus si un enfant regarde une représentation du sexe que de violence cruelle.”

Et ouais, la Tour de Babel faut la monter !

C’est sa même prise de distance ironique avec le texte qui lui vaut aussi d’être apprécié par des athées ou des sceptiques qui apprécient qu’il pointe de la brique les absurdités du texte.

Il reçoit aussi bien sûr des mails de mordus de la brique qui lui font des remarques et des critiques sur ses compétences et ses techniques de constructeur.

Œcuménique, Brendan Powell Smith conclut : “Quelles que soient les croyances des gens, je pense que la plupart l’apprécient car cela raconte les histoires avec de façon intelligente, amusante et avec un sens de l’humour irrévérencieux.” Les bigots chagrins devront s’y faire, il n’est pas près de changer de marotte : “J’adorerais illustrer d’autres livres célèbres en LEGO, qu’ils soient religieux, comme le Ramayana ou le livre des mormons, ou des classiques comme L’Odyssée ou Hamlet. Mais je me suis engagé à finir la Bible et je suis certains que cela m’occuper pour quelques années encore au moins. J’ai déjà une centaine d’histoires qui attendent juste leur illustration.”

Photos de LEGO tirées de The Brick Testament.

D’autres projets de Brendan Powell Smith sur son site The Reverend

]]>
http://owni.fr/2010/06/22/brick-testament-la-bible-pour-les-geeks-erudits/feed/ 6
Le meilleur des LEGO en vidéo http://owni.fr/2010/06/22/le-meilleur-des-legos-en-video/ http://owni.fr/2010/06/22/le-meilleur-des-legos-en-video/#comments Tue, 22 Jun 2010 08:49:24 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=15590 BiM Awards Best film

Bricks in motion (BiM) est un des principaux sites dédiés aux brickfilms, ces films d’animation en LEGO. Pour faire le tri dans la masse de production, des Bricks in motion Awards sont attribués chaque année, avec pas moins de douze catégories. Voici le gagnant 2009 catégorie Best Film : Alles ist die Noppe (Über Stud), réalisé par nichtgedreht. Les bonhommes figurines se font anxiogènes dans cette création qui évoque Métropolis de Fritz Lang et 1984.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

The fastest and funniest LEGO Star Wars story ever told

Deux mythes geek se rencontrent dans cette séquence qui raconte en 2′13 La Guerre des étoiles.

Supreme AFOL

La capacité de certains individus à concentrer leur énergie sur un projet d’une utilité assez limitée (hormis la satisfaction intellectuelle de ses auteurs) est étonnante. Bon bref, voici un circuit de transport de petites balles d’un panier à un autre, cela s’appelle un GBC (Great Ball Contraption). Le GBC reprend le concept des machines Rube Goldberg, du nom de leur inventeur, des assemblages absurdement complexes réalisant des actions très simples. Vous comprendrez en regardant… On peut aussi y voir une belle preuve de collaboration internationale puisque chaque module a été fait par une personne différente. C’est aussi ouvert à tout le monde, que vous soyez ceinture blanche ou noire de Mindstorm ou de TECHNIC.

<Pixel>

Cette ode musicale et visuelle au 8bits des 80’s a été conçue en LEGO, qui n’est somme toute qu’un pixel en ABS. Il aura quand même fallu 1.500 heures pour le concevoir, ce sont les Suédois de Rymdreglage qui s’y sont attelés (l’hiver est long là-bas, il faut bien s’occuper). Ajoutez un choix de couleurs basiques, et voilà une vraie madeleine de Proust pour AFOL.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

On refait le match

On avait dit qu’on en parlerait pas et finalement si, un tout petit peu. Nous sommes rattrapés par l’actu. Pis même Le Guardian en a causé, c’est pas une excuse ça ? Il s’agit d’une version du match États-Unis – Angleterre, où le jeu des équipes fait penser à celui des Bleus par sa fluidité de pâte à pain. C’est peut-être cela le secret de leur échec : Domenech a voulu appliquer le LEGO style.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

(Soft) porn

Le LEGO s’est aussi pour les adultes donc. À tel point que des films pornos ont été réalisés. En même temps, en regardant le résultat, on se demande si ce n’est pas plutôt des films d’éducation sexuelle pour les tout-petits. La version hackée hardcore, que la décence nous interdit de montrer, c’est ici.

__
Image CC Flickr evymoon

]]>
http://owni.fr/2010/06/22/le-meilleur-des-legos-en-video/feed/ 2